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Semaine de 4 jours proposée pour lutter contre le chômage en France

Pierre Larrouturou. [François Guillot]
Pierre Larrouturou, membre du bureau national du PS français / L'invité de la rédaction / 21 min. / le 4 février 2013
Alors que le chômage atteint des niveaux sans précédent en Europe, les socialistes français Pierre Larrouturou et Michel Rocard proposent la semaine de travail de quatre jours pour sortir de la crise. Il y a urgence à lancer le débat, explique le premier sur la RTS.

Les socialistes français Pierre Larrouturou et Michel Rocard dressent une liste de quinze propositions - dont celle de la semaine de quatre jours - pour sortir de la spirale ascensionnelle du chômage en Europe avec une croissance en panne. Membre du bureau national du PS français depuis novembre 2012 et président de la Fondation Edgar Morin, Pierre Larrouturou est l'auteur avec l'ancien Premier ministre de "La Gauche n'a plus droit à l'erreur", qui vient de sortir aux éditions Flammarion.

Sur les ondes de la RTS, Pierre Larrouturou estime que la croissance n'est plus la solution. Et de prendre l'exemple du Japon qui a mis en place des plans de relance uniques au monde. "En faisant tout au maximum, le Japon a 0,7% de croissance en moyenne depuis vingt ans. On voit donc que, même avec des plans de relance, on n'arrive pas à relancer la croissance", constate-t-il. Lire aussi: Le taux de chômage reste élevé dans la zone euro et aux Etats-Unis

Le débat n'a pas évolué en vingt ans

"En matière économique et sociale, on n'a fait aucun progrès dans le débat depuis vingt ans, alors qu'en matière scientifique ou technique on a fait des progrès géniaux", relève le socialiste. Face au partage toujours plus inégal du travail, Pierre Larrouturou prône donc  la semaine de travail de quatre jours.

Et de souligner qu'en France, 400 entreprises ont déjà passé à cette solution alors que rien ne les y obligeait: "C'est bien que c'est faisable." Et de noter que l'entreprise continue de travailler cinq ou six jours par semaine, mais le temps individuel en revanche est passé à quatre jours et l'entreprise paie ainsi moins de cotisations chômage.

Pas une baguette magique

Mais il ne faut pas faire de cette proposition une baguette magique, reconnaît Pierre Larrouturou. "C'est juste une des quinze propositions que l'on met en avant dans le livre, mais c'est une question fondamentale!".

L'idée est de relancer un débat "qui a été tué par la 2e loi sur les 35 heures en France. La méthode a sans doute été beaucoup trop brutale, et derrière, il y avait beaucoup d'ambigüité. Cela a tué le débat sur le temps de travail en Europe. Aujourd'hui, il faut absolument avoir ce débat".

oang

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"Une supercherie", selon Charles Wyplosz

Réduire le temps de travail ne permet pas de créer des emplois, s'insurge Charles Wyplosz (écouter ci-contre). "C'est une supercherie, qui a déjà été essayée avec des résultats catastrophiques, et tout le monde a fini par comprendre que cela ne marche pas comme ça." Selon l'économiste français, la mesure sera même contre-productive.

Pour Raymond Torres, directeur de l'institut d'études sociales à l'Organisation internationale du travail (OIT), "il faut tout faire pour favoriser le temps partiel choisi et non pas imposé. Ce n'est pas la même chose qu'une généralisation de la diminution du temps de travail pour tout le monde".

Pour les deux spécialistes, les solutions passent par une relance du crédit aux PME ou une réduction du coût de la main d'oeuvre.