Les pays riches et émergents du G20 se sont réunis vendredi à Moscou pour tenter de mettre fin à la "stagnation" de l'économie mondiale plombée par la zone euro. Ils espèrent écarter la menace d'une "guerre des monnaies" ravivée par le Japon.
Le "principal défi" du G20 est de sortir "l'économie mondiale de la stagnation et de l'incertitude pour la mettre sur une trajectoire ferme de croissance", a déclaré le président russe Vladimir Poutine à l'ouverture d'une réunion de deux jours.
Pour la première fois depuis longtemps, les craintes d'un éclatement ravageur de l'euro ne sont pas au coeur de la réunion. "On attend un débat sur la situation économique internationale plus riche que par le passé", assurait cette semaine un responsable européen.
Les statistiques parlent d'eux-mêmes
Pourtant, les statistiques publiées à la veille de la rencontre ont remis l'Europe sur la sellette: la récession a été plus grave que prévu l'an dernier en zone euro, et la croissance pourrait encore y être nulle en 2013. Or, il s'agit du principal frein à la reprise mondiale.
Alors que les excès de rigueur budgétaire commencent à être pointés du doigt pour leur effet néfaste sur l'activité, les grands argentiers devraient avoir "une discussion sur le bon rythme de l'assainissement des finances publiques" pour "l'adapter à la conjoncture", explique un autre responsable européen.
Certains pays européens, France en tête, s'inquiètent de leur côté de la vigueur de l'euro, qui handicape leurs exportations. Plus largement, la zone euro dénonce les politiques monétaires des Etats-Unis et du Japon, qui font tourner la planche à billets pour soutenir leur économie, avec pour effet de déprécier leurs devises.
Le spectre de la "guerre des monnaies"
Les craintes d'une "guerre des monnaies" provoquée par un enchaînement de dévaluations compétitives menées par des pays en quête de croissance ont été ravivées par le récent virage japonais.
La banque centrale du Japon a en effet cédé aux pressions du gouvernement pour soutenir l'économie en créant de la monnaie, une politique courante aux Etats-Unis mais que s'interdit la Banque centrale européenne.
"La 'guerre des monnaies' va de nouveau être en tête de l'ordre du jour du G20, car les principaux pays émergents (Brésil, Inde, Turquie, Russie) vont de nouveau accuser l'Occident d'affaiblir délibérément leur propre monnaie, ce qui renforce les devises des économies émergentes", estime l'économiste Jan Randolph, d'IHS Global Insight.
Selon le ministre russe, "ce thème va émerger" et le Japon va devoir s'expliquer. "Dans le communiqué final, les ministres des Finances vont se prononcer pour que les taux de changes restent déterminés par le marché", a assuré Anton Silouanov.
Le Portugal pourrait revoir à la baisse ses prévisions
Le premier ministre portugais a admis vendredi la possibilité de revoir à la baisse ses prévisions pour l'année en cours. Les mesures d'austérité, qu'il entend maintenir, ont en effet provoqué une contraction de l'économie et une hausse du chômage plus importantes que prévu.
En effet, l'Institut national des statistiques (INE) a indiqué la veille que l'économie avait enregistré en 2012 un recul de 3,2%, supérieur aux 3% prévus par le gouvernement.
Cette récession, la plus grave depuis 1975, est, selon le premier ministre, principalement imputable à la crise de la zone euro, qui a entraîné un ralentissement des exportations, unique moteur de l'économie portugaise sous assistance financière internationale depuis mai 2011.