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JPMorgan a caché des informations sur une perte de 6 milliards de dollars

Le trader surnommé "la baleine Londres", prenait d'énormes positions sur les marchés, mais aurait tenté de convaincre sa direction d'assumer les pertes. [Mark Lennihan]
Le trader surnommé "la baleine Londres" prenait d'énormes positions sur les marchés, mais aurait tenté de convaincre sa direction d'assumer les pertes. - [Mark Lennihan]
Dans un rapport sur l'affaire dite de la "Baleine de Londres", le Sénat américain a étrillé la banque JPMorgan pour avoir sciemment caché des risques, tenté de contourner la réglementation et trompé les investisseurs.

La banque américaine JPMorgan a donné des informations fausses et incomplètes aux investisseurs et aux régulateurs concernant les risques et les pertes liées à l'affaire dite de la "baleine de Londres", selon un rapport d'enquête parlementaire publié jeudi aux Etats-Unis.

La banque "a mal informé les investisseurs, les régulateurs et le public sur la nature, les activités, et le risque des dérivés de crédit de (la division d'investissements en propre) CIO durant le premier trimestre 2012", écrit ce rapport.

Silence maintenu

La CIO supervisait l'unité londonienne d'un trader français de la banque, surnommé la "baleine de Londres" en raison des énormes positions qu'il prenait. Cette unité a été à l'origine d'environ 6 milliards de dollars de pertes de courtage, révélées en mai 2012.

"Les transactions de la baleine n'ont pas été dévoilées au public d'aucune façon jusqu'à avril 2012", date à laquelle des informations de presse sont sorties sur ces pertes. Le silence a été maintenu "en dépit de plus d'un milliard de pertes et de problèmes étendus affectant la CIO et la banque", indique le rapport.

Même alors, au vu des informations dont disposaient les dirigeants de la banque, "les représentations écrites et verbales faites par la banque étaient incomplètes, contenaient de nombreuses inexactitudes".

ats/reuters/mre

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Le PDG a minimisé les difficultés

Lorsque le PDG de la banque Jamie Dimon avait répondu en avril 2012 à des analystes l'interrogeant sur des informations de presse sur les positions risquées prises par la banque, il avait minimisé l'affaire, la comparant à "une tempête dans un verre d'eau".

Or, à ce moment-là, il "était déjà en possession d'informations sur la complexité et la taille du portefeuille, ses pertes continues sur trois mois d'affilée, l'augmentation exponentielle de ses pertes durant le mois de mars et la difficulté d'en déboucler les positions", accuse notamment le rapport du Sénat américain.

La "baleine" voulait assumer les pertes

Selon des emails figurant dans le rapport du Sénat, le trader français a conseillé à la banque d'assumer les pertes et de laisser les positions existantes tout simplement expirer.

Il a écrit à son patron qu'à son sens, la seule chose à faire était de "rester où l'on en est et de laisser le portefeuille simplement expirer".

"Cela devient insensé"

"Je ne sais pas quand il voudra s'arrêter mais ça devient insensé", écrivait le trader dans un message instantané, au sujet de son superviseur.

Le 23 mars 2012, "la baleine" estimait dans un email que le portefeuille avait perdu entre 300 et 600 millions de dollars. Or la perte quotidienne affichée n'était que de 12 millions de dollars.

Rapport de 300 pages

Le rapport, long de plus de 300 pages, s'appuie sur l'examen de près de 90'000 documents et plus de 200 conversation téléphoniques, ainsi que sur des entretiens avec des membres de la banque et des régulateurs.