Alors que les toutes les banques de Chypre sont fermées depuis le 16 mars et que les queues s'allongent aux distributeurs, les clients de la Bank of Cyprus, la première du pays, ne peuvent désormais retirer que 120 euros par jour, et ceux de la Popular Bank (Laiki, en grec) 100 euros. Cette dernière limitait déjà depuis jeudi les retraits à 260 euros par jour, alors que la limite précédente était de 700 euros.
Un haut fonctionnaire du gouvernement avait affirmé précédemment que la mesure s'appliquait à toutes les banques locales.
Course contre la montre
Le président Nicos Anastasiades est arrivé dimanche en début d'après-midi à Bruxelles, où il doit rencontrer les présidents du Conseil européen Herman Van Rompuy, de la Commission José Manuel Barroso, de la BCE Mario Draghi et de l'Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem, ainsi que la directrice du FMI, Christine Lagarde.
Ces rencontres ont lieu avant la réunion décisive des ministres des Finances de la zone euro, qui devait débuter à 18 heures pour tenter de se mettre d'accord sur le plan de sauvetage, et qui a été repoussée. (Lire: Longue nuit de négociations sur Chypre en perspective à Bruxelles)
Chypre est engagée depuis samedi dans une course contre la montre afin de trouver une solution pour un plan de sauvetage avec ses partenaires européens. Un ultimatum de la Banque centrale européenne (BCE) menaçant de couper les liquidités aux banque a été fixé à lundi au plus tard. Une telle décision coulerait le système financier chypriote et rendrait probable une sortie de l'euro.
Taxe sur les dépôts toujours discutée
Vendredi soir, pour éviter un effondrement économique, les députés chypriotes avaient déjà adopté les premières mesures liées au plan: une restructuration du secteur bancaire
(voir encadré)
, la création d'un fonds de
solidarité et un contrôle des mouvements de capitaux pour éviter des retraits massifs d'argent à la réouverture des banques, prévue désormais pour mardi.
Les députés doivent encore s'entendre sur le texte particulièrement controversé devant établir une taxe exceptionnelle, qui varie entre 15 et 25% selon les sources, sur les dépôts bancaires à partir de 100'000 euros. Mardi dernier, le Parlement avait une première fois rejeté l'idée d'une taxe exceptionnelle allant jusqu'à 9,9% sur tous les dépôts bancaires.
Plusieurs télévisions chypriotes ont cependant annoncé que Chypre et la troïka s'étaient accordées sur une décote de 20% des comptes au-delà de 100'000 euros à la Bank of Cyprus et une taxe exceptionnelle de 4% sur les comptes dépassant ce montant dans toutes les banques du pays. Aucune confirmation officielle des avancées dans les discussions n'a cependant pu être obtenue dans l'immédiat.
Économie paralysée
Sur l'île méditerranéenne - où l'activité tourne au ralenti - la paralysie bancaire ainsi que le blocage de tous les virements via internet rendent la situation critique pour nombre d'entreprises, incapables de payer leurs fournisseurs ou d'être payées. Des cafés, restaurants ou stations-service refusent également désormais les paiements par carte de crédit.
agences/jgal/mre
Le plan de restructuration bancaire
A Bruxelles, plusieurs sources proches des négociations ont indiqué samedi que le plan de restructuration bancaire négocié comprend la restructuration des deux grandes banques chypriotes - Bank of Cyprus et Popular Bank (Laiki en grec), qui "doivent disparaître".
Une nouvelle banque serait créée avec les actifs sains des deux banques à démanteler et une "bad bank" regroupant les actifs de mauvaise qualité. La mesure doit être complétée par une décote sur les actifs sains tirés des deux banques. La fourchette en négociation varie entre 15 à 20%.
La Laiki Bank emploie à elle seule plus de 8000 personnes à Chypre, soit 1% de la population totale de l'île.
Manifestations contre le plan de sauvetage
Des centaines de personnes ont manifesté dimanche à Nicosie pour dénoncer les mesures draconiennes réclamées par les bailleurs de fonds internationaux.
Quelque 500 membres du parti communiste Akel, qui dispose de 19 des 56 sièges au Parlement, ont manifesté devant les locaux de la Commission européenne.
Dans le même temps, 200 personnes, pour la plupart des employés des banques menacées de faillite, ont manifesté devant le palais présidentiel, sous une banderole proclamant: "Nous ne deviendrons pas les esclaves du XXIe siècle".
Samedi déjà les employés de banques avaient exprimé leurs craintes devant le parlement chypriote.