Le groupe de presse zurichois Tamedia va procéder à des réductions d'effectifs dans les prochains mois. Quelque 34 millions de francs manquent à l'heure actuelle, dont près de 18 en Suisse romande, pour atteindre les objectifs de rentabilité fixés par le conseil d'administration pour 2016.
Les rédacteurs en chef des journaux concernés recherchent le dialogue avec la direction. Tandis que journalistes et syndicats romands protestent vivement.
L'information, diffusée lundi par la RTS (lire: Le groupe de presse Tamedia veut économiser 34 millions de francs), a été confirmée mardi à l'ats par Pierre Veya, rédacteur en chef du "Temps", dont plus de 90% du capital est détenu à parts égales par Tamedia et Ringier.
Tous les secteurs du groupe visés
Selon les informations de la RTS, les cadres romands doivent présenter leurs propositions d'économie à la direction zurichoise d'ici fin avril. Ensuite, le conseil d'administration devrait se réunir en mai pour prendre les premières décisions. Les premières coupes pourraient tomber dès la rentrée au mois d'août.
L'ensemble des secteurs du groupe, de l'impression à la logistique en passant par les rédactions des journaux, doivent proposer des mesures d'économie au conseil d'administration. Les premières décisions devraient tomber d'ici l'été, a déclaré pour sa part mardi à l'ats Eric Hoesli, directeur éditorial pour la Suisse romande de Tamedia.
Les nouveaux revenus ne suffiront probablement pas à combler le manque à gagner. Il serait donc naïf de penser que la situation peut être rétablie sans recours à des mesures d'économies et des suppressions de postes, a souligné Eric Hoesli. Il est pour l'heure toutefois impossible d'en estimer l'ampleur, a-t-il précisé.
Le conseil d'administration de Tamedia tiendra compte des spécificités du marché romand, plus petit, au moment de prendre ses décisions, a ajouté Eric Hoesli.
ats/ollhor
Fortes réactions
L'Association des journalistes suisses impressum dénonce une atteinte à la diversité de la presse et à la qualité de l'information. Le syndicat des médias syndicom juge cette mesure injustifiable du point de vue économique.
"Le Matin", "24 heures" et la "Tribune de Genève" sont particulièrement visés par les mesures d'économie prévues par Tamedia. De nombreux licenciements, voire la suppression ou la fusion de titres, découleraient inévitablement des coupes de 18 millions, a souligné mardi impressum dans un communiqué.
L'association des journalistes ne comprend pas la décision de Tamedia. Le groupe a inscrit en 2011 le meilleur résultat de son histoire. Les chiffres pour 2012 présentent également un bénéfice, bien que celui-ci soit inférieur à celui de l'année précédente. Tamedia est donc un groupe sain, souligne-t-elle.
Syndicom, le syndicat des médias et de la communication, se montre plus virulent. Il juge ce programme d'économies scandaleux et nuisible. Economiquement, cette restructuration ne se justifie pas de la part d'un groupe aussi rentable, a-t-il souligné dans un communiqué.