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Les étrangers ne concurrencent pas les chômeurs suisses selon une étude

La pression de l’emploi frontalier augmente dans le canton du Jura. [Gaël Klein - RTS]
"Les travailleurs étrangers ne volent pas leurs emplois aux chômeurs suisses", affirme l'étude. - [Gaël Klein - RTS]
La Suisse ne peut pas se passer de la main d'œuvre étrangère, qui ne "vole" pas les emplois des chômeurs résidents. Une étude scientifique de l'Université de Genève tord le cou aux thèses qui l'affirment.

"Les travailleurs étrangers ne volent pas leurs emplois aux chômeurs suisses", conclut une étude présentée mardi à Genève par la Fédération des entreprises romanes (FER). Elle a été réalisée, à la demande la fédération, par l'Observatoire universitaire de l'emploi (OUE) de l'Université de Genève.

Ce dernier a analysé l'effet de la libre circulation et du recours à la main d'œuvre étrangère (permis B et G) sur le chômage en Suisse. Les résultats démontrent qu'il n'y a pas d'effet d'éviction, mais une complémentarité. Les chômeurs résidents ne correspondent tout simplement aux profils recherchés dans l'Arc lémanique.

Vérité scientifique

Certains courants politiques veulent faire croire que l’immigration est l’unique responsable des problèmes comme la surcharge des infrastructures, la pénurie du logement et l’insécurité, constate la FER.

C'est pour vérifier ou infirmer ce lien de cause à effet qu'elle a mandaté l'Observatoire universitaire de l'emploi. "On a voulu laisser une liberté scientifique et académique complète à l'Observatoire", souligne Blaise Matthey, directeur général de la fédération. Et les conclusions "sont claires et nettes, il n'y a pas à remettre en cause la valeur scientifique du travail."

Blaise Matthey refuse cependant d'entrer dans le débat politique. Le fond du problème, dit-il, c'était de démontrer qu'en fermant les frontières, la Suisse va se retrouver dans des difficultés économiques bien plus importantes qu'en les laissant ouvertes.

La clause de sauvegarde inutile

Quelques jours après la décision du Conseil fédéral en faveur de la clause de sauvegarde, l'étude montre que cette mesure n'arrangera pas la situation, selon le directeur de la FER.

"On ne peut pas se passer de ces travailleurs dans toute une série de secteurs économiques. On en a besoin, c'est la condition de notre prospérité économique, et toutes les mesures restrictives qui tendraient à faire penser aux gens que l'avenir sera plus radieux si on réduit l'immigration, ces thèses sont fausses." Dans les faits, conclut Blaise matthey, la prospérité économique vient de la possibilité de maintenir des flux migratoires aussi larges que possible.

oang

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Une étude orientée, selon le MCG

Président d'honneur du MCG, parti qui est le chantre de la priorité des emplois aux résidents, Eric Stauffer estime qu'il s'agit d'une étude orientée politiquement, la Fédération des entreprises romandes ne serait qu'un instrument au service du PLR. Le politicien genevois est cependant prêt à reconnaître un problème d'adéquation entre le système de formation et le marché de l'emploi. Pour lui, les partis en place au pouvoir en sont responsables.

Le profil des chômeurs en question

Si l’on s’interroge sur les raisons de la non-prise en compte ou de la non-intégration sur le marché de l'emploi des chômeurs d'origine suisse, il est possible d’expliquer cette situation de manière rationnelle en s’appuyant sur les caractéristiques intrinsèques de cette population, explique l'étude.

Ainsi, dans les différents secteurs d'activité analysés, on constate que le profil des Suisses au chômage - et donc disponibles pour un emploi - est significativement différent du profil des frontaliers et des travailleurs avec permis B en emploi sur les plans de la formation et des qualifications requises.

C’est cette différence qui explique les raisons pour lesquelles les entreprises locales ont recours à de la main d’œuvre étrangère, conclut l'observatoire.

L'emploi romand en chiffres

La Suisse romande est passée de 968'000 emplois en 2000 à 1,15 millions en 2011, soit un bond de 18,5%, rappelle la FER, alors que le taux de chômage reste relativement stable - aux alentours de 5%.

On constate que l’arc lémanique a créé plus d’emplois ces dix dernières années que le reste de la Suisse, mais que le chômage y est toujours d’environ 2% plus élevé
qu’ailleurs.