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Avec Twitter, "on est loin des valorisations insensées des années 90"

L'introduction de Twitter a suscité un profond engouement à la Bourse de New York. [EPA/NYSE]
L'introduction de Twitter a suscité un profond engouement à la Bourse de New York. - [EPA/NYSE]
Twitter affole les investisseurs. Le prix de l'action du réseau social a fortement bondi lors de son introduction à la Bourse de New York jeudi. Michel Thierrin, stratégiste financier à la BCV, analyse ce phénomène.

RTSinfo: Comment expliquer l'énorme intérêt des investisseurs pour Twitter, alors que la société perd de l'argent?

Michel Thierrin: On peut citer trois explications à ce phénomène. Premièrement, il existe des liquidités abondantes sur le marché. Deuxièmement, les investisseurs sont encouragés par la réussite de l'entrée en bourse de Google (2004) et de LinkedIn (2011), et dans une moindre mesure de Facebook (2012). Troisièmement, les anticipations de croissance de Twitter sont nettement supérieures à la moyenne.

Le prix d'introduction en bourse de Twitter est-il surévalué?

Twitter a fixé un prix de lancement de 26 dollars par action (NDLR: l'entretien a été réalisé avant l'introduction et la forte hausse du prix de l'action; lire: L'action Twitter a bondi de plus de 70% pour son entrée en Bourse), ce qui valorise la société à 14 milliards de dollars, soit environ 30 fois le chiffre d'affaires annuel. Ce dernier chiffre est tout à fait excessif pour une société classique type Roche ou Nestlé, mais il est comparable à celui de Google ou de Facebook à son entrée en bourse.

Seul l'avenir nous dira si Twitter mérite cet extraordinaire intérêt des investisseurs. Si le site de micro-blogging parvient à maintenir la forte croissance dont il bénéficie actuellement et s'il trouve une façon de monétiser cette audience, alors il aura réussi. J'ai toutefois quelques doutes quant à la viabilité du modèle économique du réseau social, basé uniquement sur les revenus publicitaires.

La frénésie d'investissements dans les nouvelles technologies (Google, Facebook, LinkedIn, Pinterest, Snapchat, etc.) ne fait-elle pas craindre l'explosion d'une bulle boursière?

Je ne crois pas car on est bien loin des valorisations insensées de la fin des années 1990, avec des actions qui doublaient de prix le premier jour de cotation sans aucun égard pour les fondamentaux des sociétés. De plus, il y a beaucoup moins d'introductions en bourse aujourd'hui qu'à l'époque. A l'heure actuelle, il n'y en a même pas assez au vu des liquidités disponibles sur le marché.

Propos recueillis par Didier Kottelat

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