Le Portugal est devenu samedi officiellement le deuxième pays sous perfusion de la zone euro à retrouver son autonomie financière. Il s'apprête, après l'Irlande, à faire le grand saut sans filet sur les marchés.
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Mais le gouvernement de centre-droit se garde de tout triomphalisme. Selon lui, "il faut maintenir la rigueur pour éviter de retomber" dans les erreurs du passé.
Très attendu par la population, le départ définitif des inspecteurs de la troïka (Union européenne, Fonds monétaire international, Banque centrale européenne), est ainsi loin de signer la fin de l'austérité.
Aide européenne abandonnée
A l'instar de l'Irlande, le Portugal a renoncé à demander à ses partenaires européens une ligne de crédit de précaution, profitant de la brusque baisse de ses taux d'emprunt et de ses confortables réserves financières.
Autre facteur qui a pesé dans sa décision, certains pays comme l'Allemagne ou la Finlande n'ont pas caché leurs réticences vis-à-vis d'une rallonge, d'autant que les élections européennes se profilent à l'horizon.
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afp/dk
Sévère cure d'austérité
Au bord de la faillite et incapable de se financer sur les marchés, le Portugal s'était résolu en avril 2011 à appeler à la rescousse la troïka, après la Grèce et l'Irlande.
En contrepartie d'un prêt de 78 milliards d'euros, le gouvernement de centre-droit a appliqué une sévère cure d'austérité, taillant dans les retraites, les prestations sociales et les salaires des fonctionnaires.
Sur le plan du déficit public, l'intervention de la troïka a été efficace: en trois ans, celui-ci a été divisé par deux, à 4,9%. Mais la dette a continué à enfler, passant de 94% à 129% du PIB, et la croissance est encore timide.
Les taux d'emprunt du Portugal en nette baisse
Scénario encore impensable il y a six mois, les taux d'emprunt du Portugal à dix ans sont descendus jusqu'à 3,5% début mai avant de remonter légèrement, alors qu'ils s'étaient envolés à plus de 18% au plus fort de la crise.
Cette baisse des taux a permis au Portugal de tester à plusieurs reprises avec succès les marchés. Fin avril, le pays a réussi sa première émission régulière de dette à long terme depuis 2011.