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Les dessous de la gestion problématique de BNP Paribas Genève

Un ancien employé de BNP Paribas Genève explique les méthodes de la banque. [Gian Ehrenzeller]
C’est dans le sillage de l’amende infligée par les Américains au géant néerlandais ABM Amro en 2006 que les ennuis ont commencé pour BNP Paribas. (photo prétexte) - [Gian Ehrenzeller]
Un ancien employé de BNP Paribas Genève explique comment était géré le financement de négoces de matières premières qui ont posé problème face aux embargos américains.

Selon un ancien salarié de BNP Paribas Genève, c’est dans le sillage de l’amende infligée par les Américains au géant néerlandais ABM Amro en 2006 (40 millions de dollars pour violation des embargos américains), que les ennuis ont commencé pour BNP Paribas.

>> Lire : BNP Paribas va solder à un prix record ses déboires aux Etats-Unis

Une enquête est alors déclenchée par l’OFAC (Office of foreign Assets control) contre la banque sur la période 2002-2008. Des investigations sont menées en Suisse. La banque réalise un audit qui sera transmis aux Américains fin 2007-début 2008.

Dès cette date, l’établissement qui occupe une position dominante à Genève dans le financement de négoces de matières premières sait parfaitement ce qu'elle risque en cas de violation des embargos américains.

Processus de désengagement

"Dès 2007, la banque est entrée dans un processus de désengagement (à l’égard des opérations liées au Soudan, l’Iran ou Cuba). Cela a duré entre 3 et 6 mois car certains contrats ne peuvent pas s’arrêter du jour au lendemain" indique à la RTS cette source. Les clients de la banque à Genève reçoivent un courrier les rendant attentifs au respect des embargos. Certains liens sont rompus. La FINMA est alors au courant de ce processus de désengagement.

"Une fois ce processus de désengagement terminé en 2008, la banque a mis en place un système de filtre pour repérer les transactions qui pouvaient violer l’embargo" poursuit cet interlocuteur. "Mais aussi sophistiqués que soient ces systèmes de filtres, il y a forcément quelques opérations qui peuvent échapper à la vigilance. Aucune banque ne peut garantir qu’elle a la maîtrise totale de ses filtres" ajoute-t-il.

Dénonciations volontaires

Selon lui, des transactions suspectes ont bien été identifiées après 2008, en particulier quelques cas cubains. "Les opérations qui ont été identifiées par nos filtres ont, pour la plupart, fait l’objet de dénonciations volontaires (volontary disclosure) auprès des autorités américaines, y compris jusqu'en 2010-2011" explique-t-il. La procédure est alors toujours la même : la BNP Paribas à Genève informe le siège à Paris et les cas suspects sont signalés aux avocats américains de la banque. Après une vérification interne qui peut durer quelques mois, le siège prend la décision de signaler ou de ne pas  signaler les cas aux Américains.

"A l’époque nous n’avions pas eu de retours négatifs (de la part des Américains), puisque les opérations suspectes étaient découvertes par le groupe et dénoncées par le groupe. Cela prouvait notre bonne foi. Mais bien sûr, on peut toujours dire : Vous auriez dû empêcher cela !", raconte-t-il.

Mais cette source concède qu'elle n’a peut-être pas été au courant de tout ce qui s’est passé.

Agathe Duparc

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