Le futur du Temps sera bel et bien lausannois. Le groupe Ringier a indiqué mercredi qu'il comptait installer la rédaction du quotidien dans la capitale vaudoise tout en maintenant une antenne à Genève.
Une "newsroom" sera créée pour regrouper les rédactions de l'Hebdo et d'Edelweiss. Les trois titres garderont toutefois une indépendance rédactionnelle, a précisé Ringier.
Ce rassemblement des forces à Lausanne se traduira par un important développement de l'offre numérique du quotidien, a indiqué Stéphane Garelli, président du conseil d'administration du Temps, sur les ondes de la RTS.
Mystère autour des suppressions d'emplois
Rien n'a été dit sur les suppressions d'emplois même si Ringier a admis qu'il y aura "certainement des doublons", mais il n'a articulé aucun chiffre. Selon plusieurs sources, il pourrait y avoir une trentaine de licenciements, entre administratifs et journalistes: "Tous les chiffres qui ont été émis sont fantaisistes car c'est à partir de maintenant que le travail va se faire", a précisé Stéphane Garelli.
Aucun licenciement n'est pour l'heure planifié, a indiqué la porte-parole de Ringier Danja Spring. Actuellement, environ 140 personnes travaillent au Temps.
Stéphane Benoit-Godet, nouveau rédacteur en chef
Par ailleurs, l'actuel rédacteur en chef du magazine économique Bilan, Stéphane Benoit-Godet, sera le nouveau chef de rédaction du Temps dès le 1er avril. D'ici-là, le rédacteur en chef démissionnaire, Pierre Veya, continuera à assumer sa fonction, a précisé le groupe.
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Francesca Argiroffo/hend
Réactions contrastées
Pour François Gross, ancien rédacteur en chef de La Liberté, le départ du Temps de Genève est "un coup dur". "C'est ignorer le rôle international de Genève et l'histoire de la presse genevoise".
"Le Temps est maintenant en main d'un vrai éditeur, Michael Ringier, qui connaît la sensibilité romande, et qui est en mesure de maintenir l'ADN du journal", a pour sa part rebondi le journaliste bilingue Peter Rothenbühler.
Un journal qui se veut supra cantonal devra avoir une bonne couverture de Genève, s'est dit persuadé le président du Conseil d'Etat genevois François Longchamp. Il est en revanche plus circonspect concernant la pérennité du Temps au sein d'une "newsroom" réunissant également L'Hebdo et Edelweiss, deux autres titres du groupe de presse Ringier.
Les collaborateurs montent au créneau
Les journalistes du Temps veulent être associés à la mise en place de la nouvelle collaboration qui va s'instaurer via la "newsroom" à Lausanne. Ils attendent des réponses précises sur le projet, l'organisation et l'emploi, souligne un communiqué diffusé par l'assemblée du personnel.
Les collaborateurs ont rencontré mercredi à Genève les responsables de Ringier et du journal, a indiqué Anouch Seydtaghia, porte-parole de la Société des rédacteurs et du personnel. Aucun élément concret sur la collaboration n'a été donné, mais les responsables ont promis de respecter la ligne éditoriale du titre.
Les collaborateurs ne sont "pas contents" du déménagement à Lausanne. Ils déplorent de ne pas avoir été associés aux décisions, tout en regrettant une "une rupture profonde" avec l'histoire et l'identité du titre.
Le syndicat Impressum inquiet
Impressum fait part, lui, de son "inquiétude pour l'emploi". Le syndicat des journalistes regrette que la rédaction et les collaborateurs n'aient pas été associés plus tôt aux changements envisagés par la direction, ce qui est prévu par la CCT.