Acceptée par le peuple suisse en mars 2013, l'initiative de Thomas Minder contre les rémunérations abusives n'a pas résolu l'entier de la problématique, selon la fondation Ethos qui publie mercredi une étude sur les salaires des managers et l'application du texte.
Elle constate que la moitié des entreprises contournent les nouvelles règles en matière de modalités de vote lors de leur assemblée générale. Dans une interview à la RTS, son directeur Dominique Biedermann déplore une application qui "pose énormément de problèmes."
Contourner les règles
Interrogé mercredi dans "Le Journal du matin", Dominique Biedermann souligne que "chaque fois qu'on fixe une nouvelle règle, les acteurs essaient de les contourner. C'est le monde de l'économie". Il est donc important, aux yeux d'Ethos, que les actionnaires restent vigilants - notamment en matière de modalités de vote.
L'initiative donnait de nouveaux droits aux actionnaires, mais ne fixait pas les modalités de vote lors des assemblées. Ces modalités doivent être définies par chaque entreprise. Et ici, déplore Dominique Biedermann, "on nous propose dans la plupart des cas des solutions qui ne nous plaisent pas du tout."
La parade en matière de salaires des dirigeants
La partie fixe du salaire des dirigeants est votée en avance, au début de l'année. Et le bon sens voudrait que la partie variable soit votée en fin d'année, au moment des résultats, note le directeur d'Ethos. Or les entreprises ont trouvé une parade et vont faire voter - pour la plupart d'entre elles - la rémunération variable des dirigeants en avance. "Ca n'a pas été prévu par Minder et c'est autorisé, mais nous ne sommes pas forcément d'accord (…), les actionnaires n'appréciant pas du tout cette parade", poursuit-il.
La fondation Ethos était opposée à l'initiative Minder. Aujourd'hui, Dominique Biedermann constate que son application "pose énormément de problèmes. Le contre-projet était une solution meilleure d'après nous et on reste de cet avis".
"Mais Minder a passé et donc il faut mettre en œuvre correctement cette initiative" et que les entreprises adoptent des règles qui soient dans notre intérêt à long terme.
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Hausse globale de 2%
Selon Ethos, les salaires des dirigeants des 100 plus grandes entreprises cotées à la Bourse suisse ont augmenté de 2% en 2013.
Au total, les 1415 administrateurs et membres de la direction générale de ces sociétés se sont attribués plus de 1,58 milliard de francs.
Succession à la tête d'Ethos
Actuel directeur de la fondation Ethos, Dominique Biedermann prendra la présidence de la fondation genevoise en juin 2015.
Il sera remplacé à son poste actuel par l'actuel directeur adjoint Vincent Kaufmann.
La Fondation Ethos regroupe plus de 140 caisses de pension et de fondations d'utilité publique suisses.
Elle promeut l'investissement socialement responsable et un environnement socio-économique stable et prospère.
Les mieux payés
Severin Schwann, directeur général de géant pharmaceutique bâlois Roche, conserve son rang de patron le mieux payé, malgré un salaire total en chute de 13%, à 13,37 millions de francs.
L'Autrichien est talonné par l'Américain Joe Jimenez, son homologue de Novartis, avec une fiche de paie stable à 13,23 millions.
Steven Newman, patron de l'opérateur de plates-formes de forages pétroliers Transocean se place au 3e rang, avec une rémunération totale de 12,92 milllions de francs (-2%).
Le Belge Paul Bulcke, directeur général du numéro un mondial de l'alimentation Nestlé échoue au pied du podium, avec un salaire de 11,96 millions (-5%), suivi de Andrea Orcel, patron de la banque d'affaires de UBS (11,43 millions).
L'Italien se paie le luxe de devancer son patron Sergio Ermotti, le directeur général du numéro un bancaire helvétique dont le salaire s'est envolé de 21% en 2013 à 10,73 millions de francs, occupant lui le 7e rang.
Le Tessinois est devancé par le Français Bernard Fornas, qui lui dirige le groupe de luxe genevois Richemont (9,84 millions).