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Pourquoi le cours du pétrole est-il tombé si bas?

En dix ans, les Etats-Unis ont réduit de moitié leur dépendance aux importations de pétrole. [AFP]
Le prix du baril dégringole depuis plusieurs semaines / 19h30 / 2 min. / le 15 octobre 2014
Enjeux économiques et géopolitiques permettent de comprendre pourquoi le prix du baril de brut n'a pas cessé de chuter en 2014, pour atteindre cette semaine son niveau le plus bas depuis des mois.

En quatre mois, le prix du brut a dégringolé de 27% à la Bourse de Londres et de 24% à New York. Résultat: le cours du brut a atteint le 14 octobre son niveau le plus bas depuis juin 2012, à 81,84 dollars par baril (159 litres).

Demande en berne

La chute brutale du 14 octobre (-4,55%) s'explique par la publication du rapport mensuel de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) qui prévoit un ralentissement de la demande mondiale. Selon ces dernières prévisions, la consommation progressera de 700'000 barils par jour, soit 22% de moins qu'elle ne l'estimait précédemment. Il s'agit de la troisième révision à la baisse consécutive de l'AIE, après celles d'août et de septembre.

En cause, les difficultés économiques de l'Europe, de la Russie et, surtout, de la Chine, le deuxième plus gros consommateur de pétrole au monde après les Etats-Unis.

Offre abondante

La situation ne devrait pas changer de sitôt, estime l'Agence internationale de l'énergie en octobre. De fait, la baisse de la demande survient alors que l'on se trouve dans une situation de surproduction mondiale avec le retour du pétrole libyen et une meilleure production en Irak.

L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), qui pompe un tiers du brut mondial, n'a pas montré de volonté claire de réduire son offre pour faire remonter les prix.

Membre influent de l'OPEP, l'Arabie saoudite a augmenté sa production en septembre et réduit les prix pratiqués pour ses clients en Asie. Riyad a en outre fait savoir qu'il s'opposerait à toute volonté de réduire la production lors du sommet du cartel prévu le 27 novembre à Vienne.

Stratégie américaine

La chute du prix du brut s'explique aussi par le changement d'attitude des Etats-Unis qui inondent le marché de leur nouvel or noir, le pétrole de schiste. Washington a ainsi réduit de 60% à 30% sont taux de dépendance aux importations.

Fin juin, le gouvernement américain a en outre autorisé deux entreprises à exporter un type très particulier de pétrole, contournant ainsi une loi datant de 1970 qui interdit la vente de brut à d'autres pays.

Juliette Galeazzi avec agences

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Deux hypothèses contradictoires

Deux hypothèses contradictoires circulent pour expliquer la baisse du cours du pétrole depuis le début de l'année 2014.

L'une d'entre elles évoque un bras de fer entre l'Arabie saoudite et les Etats-Unis: la première refuserait de perdre davantage de parts de marché face à la montée en puissance de la seconde. Riyad pâtirait en effet de la baisse des importations américaines. Washington était l'un de ses principaux clients.

La seconde hypothèse, à l'inverse, stipule qu'une alliance aurait eu lieu entre les Etats-Unis et l'Arabie saoudite. Les deux pays auraient décidé ensemble de jouer la carte de la baisse du prix pour nuire à la Russie et à l'Iran.