LES EFFETS POUR LES PARTICULIERS:
-
le pouvoir d'achat
des Suisses va augmenter pour les biens en vente à l'étranger. Partir en vacances reviendra aussi moins cher.
- les prix en Suisse: la Fédération romande des consommateurs a immédiatement appelé producteurs et distributeurs à répercuter les gains de change sur les prix finaux, notamment afin de lutter contre le tourisme d’achat. Cette demande avait déjà été à l'ordre du jour en 2011, quand le franc était quasiment à la parité avec l'euro (lire: Grande distribution).
- les frontaliers sont les grands gagnants du jour: les quelque 280'000 frontaliers travaillant en Suisse (dont environ 50% de Français, 23% d'Italiens et 20% d'Allemands) payés en francs ont vu leur pouvoir d'achat bondir en quelques minutes.
LES EXPORTATIONS:
- repères:
les exportations suisses ont atteint 201 milliards de francs en 2013 (importations 178 milliards) et les principales destinations étaient l'Allemagne (18,7%), les Etats-Unis (11,6%) et l'Italie (7,2%).
Les principales branches exportatrices sont la chimie et la pharmacie (81 milliards / 40,2%), les instruments de précision, l'horlogerie et la bijouterie (45 milliards / 22,5%) et l'industrie des machines (33 milliards / 16,6%).
- inquiétudes: UBS prévoit d'importants impacts négatifs pour l'économie helvétique. Les experts de l'établissement aux trois clés chiffrent à 5 milliards de francs le recul des exportations. L'effet direct sur le produit intérieur brut (PIB) est estimé à -0,7%, selon une note du chef des investissements globaux d'UBS, Mark Haefele, publiée jeudi.
- la Fédération de l'industrie horlogère suisse se dit très inquiète, car la branche exporte près de 95% de sa production.
- l'association patronale Swissmem, qui représente l’industrie des machines, des équipements électriques et des métaux, rappelle que la branche exporte 60% de ses produits dans l'espace européen.
LE TOURISME:
- l'association hotelleriesuisse
et la Fédération suisse du tourisme craignent pour l'avenir de la branche. Une réévaluation du franc touche durement le secteur hôtelier, car les touristes étrangers vont davantage hésiter à se rendre en Suisse.
- les nuitées effectuées par les touristes européens ont atteint la barre des 13 millions en 2012, contre 2,2 millions pour les personnes provenant de la zone Amérique et 3,3 millions d'Asie, selon la Fédération suisse du tourisme. A noter que les nuitées en Suisse sont déjà parmi les plus chères du monde >> Les nuitées hôtelières en Suisse sont parmi les plus chères au monde .
- les dépenses: en 2013, les visiteurs étrangers ont dépensé 15,65 milliards de francs en Suisse (+3,6%), selon l'Office fédéral de la statistique >> Les touristes étrangers ont dépensé davantage en Suisse en 2013 .
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LE TAUX NEGATIF:
Afin de décourager les grands spéculateurs d'acheter des francs en masse, la Banque nationale suisse va encore abaisser dès jeudi prochain le taux d'intérêt négatif sur le franc suisse, à -0,75% .
L'institut avait initialement prévu le mois passé de fixer ce dernier à -0,25%.
Concrètement, le taux d’intérêt négatif est prélevé sur les avoirs en compte de virement des instituts financiers auprès de la BNS à partir d'un certain montant.
RAISONS DE L'ABANDON DU TAUX PLANCHER
- Un motif structurel lié à l'action des banques centrales dans leur ensemble. "La BNS était la dernière à encore acheter des euros dans le monde", note Fernando Martins Da Silva, responsable de la politique de placement de la Banque cantonale vaudoise (BCV). De plus, la Russie s'est mise récemment à vendre de la monnaie unique européenne pour enrayer la chute du rouble.
- Un facteur cyclique lié aux anticipations de voir la Banque centrale européenne (BCE) annoncer jeudi prochain un rachat massif de dettes, un aspect sous-estimé finalement par les observateurs.
Le fait pour la BNS d'avoir dû recommencer à acheter des euros en décembre pour défendre le cours plancher de l'euro aura sonné le glas du système. "Le bilan de la BNS a tellement gonflé que la situation en devient problématique", précise l'analyste de la BCV. Les réserves en devises sont passées de 50 milliards de francs environ en 2010 à quelque 500 milliards récemment, soit 70% du produit intérieur brut (PIB) de la Suisse.
- Le dollar s'est revalorisé cette semaine vis-à-vis des monnaies européenne et helvétique. Un rebond qui est probablement une des raisons qui a motivé la BNS, selon Daniel Kalt chef économiste d'UBS pour la Suisse. Car la Suisse compte aussi une part importante de ses livraisons vers l'étranger en dollars.
- Le franc serait devenu moins surévalué par rapport à la monnaie unique européenne que précédemment.