Les partis politiques
Le président du
PS
Christian Levrat: Si le franc et l'euro devaient se stabiliser, ce serait des dizaines de milliers d'emplois dans l'industrie d'exportation qui seraient en danger.
Le PDC se dit sceptique, même si la BNS est libre de prendre ses décisions, qui jusqu'ici ont joué en faveur de la Suisse. Il pourra proposer des mesures le cas échéant pour atténuer le choc.
Le PLR défend l'indépendance de la BNS et reconnaît son expertise après sa décision d'abandonner le taux plancher. Cette décision est un choc considérable pour les marchés. Afin d'atténuer les risques pour l'économie, il est nécessaire d'alléger les charges des entreprises en réduisant les taxes, les impôts et la bureaucratie.
Pour le conseiller national Lukas Reimann (UDC/SG), la décision de la BNS est excellente, même si elle tombe tard. L'économie suisse est en assez bonne forme pour supporter le choc. Elle peut et doit maintenant faire face à cette décision.
Le conseiller aux Etats Luc Recordon (Verts/VD): La défense du secteur de l'exportation contre un cours excessivement fort du franc reste nécessaire. Toutes les pistes doivent être explorées dans ce sens.
Le conseiller national Thomas Maier (Vert'libéraux/ZH): C'est une décision raisonnable et courageuse. L'effet de surprise, nécessaire pour éviter le plus possible toute spéculation, est compréhensible.
Le conseiller national Martin Landolt (PBD/GL): A mon avis, c'est une décision correcte et planifiée. On savait qu'on n'allait pas défendre le cours pendant des siècles.
Les syndicats
Union syndicale suisse: Cette décision menace les salaires et les emplois dans les secteurs actifs dans l'exportation. La décision ouvre la porte à la spéculation sur les devises et l'industrie d'exportation et le tourisme s'en trouveront affectés.
Travail.Suisse: Le Conseil fédéral doit tout mettre en oeuvre pour éviter une appréciation incontrôlée du franc. La BNS a jugé visiblement trop périlleuses les évolutions attendues dans la zone euro - rachat de dette souveraine par la Banque centrale européenne, élections grecques - pour maintenir le taux minimum.
Les milieux économiques
UBS
prévoit d'importants impacts négatifs pour l'économie helvétique et chiffre à 5 milliards de francs le recul des exportations. L'effet direct sur le produit intérieur brut est estimé à -0,7%.
Economiesuisse: La décision de la BNS est incompréhensible au moment actuel. Au vu des tensions sur les marchés financiers et de l'incertitude entourant l'avenir de la zone euro, il faut s'attendre à ce que le franc reste durablement surévalué. Un retour à une politique monétaire avec un taux plancher serait difficile.
L'association patronale Swissmechanic juge catastrophique la décision de la BNS. Sans le taux plancher, un affaiblissement encore plus important de la monnaie unique par rapport au franc pourrait se révéler fatal aux PME de l'industrie des machines.
L'association faîtière Swissmem: "La manière d'agir de l'institut financier contredit les annonces et les garanties formulées encore récemment". Le franc suisse surévalué à 1,20 représente déjà un défi pour beaucoup d'entreprises. S'il augmente encore plus, il sera difficile de rester compétitif. Et l'érosion des marges se poursuivra.
Le directeur général de Swatch Group Nick Hayek: Les mots me manquent. Jordan n’est pas seulement le nom du président de la BNS mais aussi celui du fleuve Jourdain, en allemand Jordan. Et ce que la BNS provoque là, c’est un tsunami.
La Fédération de l'industrie horlogère: L'horlogerie suisse est très inquiète des conséquences pour le secteur. La branche exporte près de 95% de sa production. Nous relevons en outre que le choix de la BNS intervient dans un contexte européen difficile pour nous.
Hotelleriesuisse: La réévaluation du franc va toucher durement la branche hôtelière orientée vers l'exportation. Une telle situation atteint de plein fouet la compétitivité du secteur.
La Fédération suisse du tourisme: Le risque que les touristes se détournent de la Suisse pour se rendre dans d'autres destinations est grand.
boi avec ats
Panique en Pologne
La décision de la BNS a soulevé un vent de panique en Pologne. Quelque 700'000 ménages y détiennent des crédits immobiliers libellés en devise helvétique, le zloty décrochant de près de 20% face au franc.
La bourse de Varsovie chutait jeudi de quelque 2% à la mi-journée. A 13h00 le franc suisse s'échangeait contre 4,20 zlotys, soit une hausse de 18,5% par rapport à mercredi. Peu après l'annonce de la banque centrale, le franc avait crevé le plafond de cinq zlotys.
L'engouement pour les emprunts en francs suisses, contractés la plupart du temps pour l'achat d'un logement, fut particulièrement fort en Pologne, ainsi qu'en Hongrie, et en Croatie au début des années 2000.
Environ 40% des crédits immobiliers en Pologne sont libellés en francs suisses, représentant un volume de quelque 31 milliards d'euros, selon la Commission polonaise de surveillance des banques (KNF).