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Les commerçants suisses en ordre de bataille face au franc fort

Pour s'adapter au franc fort, les entrepreneurs cassent leurs prix
Les entrepreneurs doivent s'adapter au franc fort / 19h30 / 2 min. / le 19 janvier 2015
Dans les secteurs les plus menacés par la chute de l'euro comme la grande distribution ou le tourisme, des baisses de prix ont déjà été décidées. D'autres choisissent l'attentisme. Tour d'horizon.

Une semaine après la décision de la BNS de supprimer le taux plancher, qui a mis le franc suisse et l'euro à quasi-parité (mardi matin, 1 euro valait 1,017 franc), de nombreux acteurs de l'économie suisse ont déjà pris des mesures pour répercuter sur leurs prix les avantages liés au taux de change.

Le directeur des grands magasins Bon Génie a été l'un des premiers à annoncer, dans l'émission Forum de la RTS, des réductions à hauteur de 20% sur le prix des produits importés dès lundi, afin de contrer le tourisme d'achat.

>> Lire : Les magasins Bon Génie réduisent le prix des produits importés

Chez Manor, qui indique acheter essentiellement des marchandises en francs suisses, l'objectif est quand même de répercuter sur la clientèle les avantages découlant des taux de change. "Nous allons prochainement entamer des pourparlers avec nos fournisseurs à ce sujet", fait savoir la porte-parole du groupe, Elle Steinbrecher.

Baisse de prix chez Coop et Migros

Chez Coop, la réponse ne s'est pas fait attendre. "Deux cents fruits et légumes que nous importons sont entre 13 et 20% moins chers depuis lundi", relève le responsable de la communication Jean-Philippe Cotter. D'autres baisses de prix devraient être opérées lorsque les avantages du change se feront ressentir sur les achats en euros du distributeur. "Nous avons écrit vendredi dernier déjà à tous nos fournisseurs pour leur demander de reporter les avantages du cours", précise Jean-Philippe Cotter.

Filiale de Coop, le spécialiste de l'électronique de loisirs et de l'électroménager Interdiscount a aussi annoncé baisser les prix de plus de 2000 références de son assortiment.

Migros note que sa situation est différente dans la mesure où seulement 5% de sa marchandise provient de la zone euro, mais a toutefois décidé de réduire entre 10 et 30% les prix des fruits et légumes provenant de la zone euro. Le distributeur dit aussi ccroître la pression sur les importateurs afin que ceux-ci reportent les avantages découlant de la vive appréciation du franc.

Filiale de Migros, Denner, dont l'assortiment est composé à 75% de marques, s'est déjà lancé dans des négociations musclées avec ses fournisseurs de marques étrangères comme suisses: "Nous allons faire pression afin qu'(ils) nous rétrocèdent systématiquement les gains du taux de change", explique la communication de Denner.

Pour rappel, lors de la précédente flambée du franc en 2011, les acteurs de la grande distribution avaient largement communiqué sur la baisse des prix de centaines de produits.

>> Lire : Migros et Coop baissent encore des centaines de prix

Les stations suisses des Portes du Soleil s'alignent sur les françaises

Du côté des acteurs du tourisme, des décisions concrètes ont été prises sans tarder. A l'issue d'une séance exceptionnelle lundi soir, le porte-parole du domaine skiable franco-suisse des Portes du Soleil a annoncé une diminution de plus de 15% du prix des forfaits journaliers dans toutes les stations helvétiques du domaine. Les prix sont désormais quasiment alignés, à 52 francs côté suisse contre 48,50 euros côté français. Les stations du domaine les plus proches de la France, Morgins-Champoussin et Torgon, avaient déjà pris cette décision dès dimanche.

Le voyagiste Kuoni, pour sa part, a annoncé lundi dans un communiqué une réduction spéciale de 15% sur certaines de ses offres en Méditerranée.

Plus attentistes, les domaines skiables des Alpes vaudoises et de la vallée de Joux affirment n'avoir pour l'heure pas pris de mesures particulières mais "suivre de très près la situation", en particulier les décisions de la Banque centrale européenne qui doivent être annoncées jeudi.

Pauline Turuban

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Baisse du prix du carburant mais concurrence des stations-service frontalières

Les stations-service Tamoil et Socar indiquent avoir répercuté sur les prix du carburant l'impact positif de l'appréciation du franc sur leurs coûts d'approvisionnement.

Chez Tamoil, on note toutefois que ces baisses de prix ne suffisent pas à éviter des "répercussions négatives sur les chiffres d'affaires des stations-service situées sur la frontière".

Impact difficile à évaluer sur les prix des voitures neuves

En ce qui concerne les ventes de véhicules, le porte-parole d'Auto-Suisse souligne que "si le taux se stabilise à la valeur actuelle, il pourra y avoir un effet sur les prix mais il est très difficile à anticiper".

"Ce que l'on sait, c'est que quand le cours est passé de 1,50 à 1,20 franc pour un euro après l'instauration du taux plancher, on a enregistré une baisse des prix des véhicules d'environ 15%."

Pour les autres commerçants, il est "urgent d'attendre"

Le PDG de Payot Pascal Vanderberghe estime que "pour l'instant, il est urgent d'attendre". "Les librairies Payot s'approvisionnent essentiellement en Suisse, l'évolution du cours n'aura donc pas ou peu de répercussions. En revanche, nous nous fournissons en France pour nos franchises Nature et Découvertes et nous répercuterons naturellement la baisse des prix au moment du renouvellement de nos stocks."

Chez le marchand de jouets Franz Carl Weber, on juge sage d'attendre jeudi et la décision de la BCE, "afin de pouvoir mieux estimer dans quelle direction va s’orienter le franc suisse." "Néanmoins, une baisse des prix générale fait partie de nos scénarios étudiés en ce moment," indique le directeur général Yves Burger.

Le géant de l'ameublement Ikea se repose quant à lui sur sa "qualité de fournisseur d’aménagement intérieur le meilleur marché de Suisse", une stratégie qui lui "permet, dans l’immédiat, de ne pas encore (se) soucier de l’évolution du cours de change".