Salaire en euros ou diminué, hausse du temps de travail, les réactions au franc fort
Kugler Bimetal, Genève
Le directeur général de l’entreprise Kugler Bimetal à Genève, Jérôme Chanton, a annoncé mardi sur le plateau de l'émission Infrarouge vouloir baisser les salaires de ses employés et augmenter le temps de travail. "Ce sont des mesures indispensables pour faire face à la force du franc qui a renchéri nos produits de 20%", a-t-il précisé.
"Tout le monde devra faire un effort y compris le patron", a-t-il ajouté. Reste à savoir de combien les salaires seront baissés. "Cela pourrait aller jusqu’à 10%", a-t-il fait savoir. Les plus hauts salaires seront davantage touchés que les petits, dans un souci d'"équité."
L’augmentation des heures de travail hebdomadaires doit en outre être négociée avec la commission du personnel.
Kugler Bimetal emploie 60 employés, dont 26 frontaliers, soit presque 50%. L'entreprise fabrique des pièces de fonderie pour de gros clients en Europe, dont Bosch, Boeing ou encore Rolls Royce.
La Société anthroposophique universelle, Dornach (SO)
Les 180 employés du Goetheanum de Dornach (SO), siège de la Société anthroposophique universelle, vont bientôt devoir renoncer à leur 13e salaire. Cette mesure doit permettre d'éviter des licenciements et d'économiser quelque 700'000 francs. "Il s'agit d'une proposition faite à nos employés", a indiqué mercredi Wolfgang Held, porte-parole du Goetheanum, confirmant une information de plusieurs médias.
Le renoncement au 13e salaire se ferait sur une base volontaire, selon le porte-parole. Les employés refusant les nouvelles conditions se verront toutefois proposer un nouveau contrat. Le personnel a été informé mardi de ce plan.
Le chiffre d'affaires de Goetheanum s'élève à 15,5 millions de francs. La part des dons et des cotisations est de 9,5 millions. En raison du renforcement du franc, le Goetheanum table sur un trou de 1,2 million cette année.
Straumann, Bâle
Le groupe bâlois Straumann entend payer ses employés frontaliers en euros, parmi d'autres mesures immédiates pour contrer l'appréciation du franc. Le spécialiste des implants dentaires chiffre l'impact négatif des taux à 75 millions sur le chiffre d'affaires et à 40 millions sur le résultat opérationnel de l'exercice en cours.
Le plan d'économies, notamment les adaptations salariales, vise à éviter des pertes d'emplois, indique mardi Straumann. Les collaborateurs frontaliers se verront proposer une rémunération en euros, sur la base d'un taux fixe, en vue de trouver un équilibre entre leurs intérêts et ceux de l'entreprise.
En Suisse, la société demande à son personnel, à l'exclusion des frontaliers, de renoncer à une partie du bonus de 2015. Soit une réduction de l'enveloppe globale de 5%. Pour le directeur général, la baisse atteindra 35% et pour les administrateurs 28%.
R. Bourgeois SA, Courgenay
Le Quotidien Jurassien révèle que les employés frontaliers de l'entreprise Bourgeois à Courgenay (JU) ont spontanément demandé une baisse de leur salaire. Les salariés ont volontairement proposé à leur direction de baisser leur salaire de 10% immédiatement pour éviter des licenciements.
Cette entreprise qui fabrique des tôles magnétiques dépend à 99% de ses exportations, indique le quotidien. Le journal précise que, même avec 10% de moins, les frontaliers sont encore gagnants en termes de pouvoir d'achat. Les employés suisses eux ne sont pas touchés, mais le directeur de l'entreprise a baissé son propre salaire, sur demande des frontaliers.
Cette baisse des salaires doit entrer en vigueur fin février. Elle le restera aussi longtemps que le taux de change entre l'euro et le franc ne remontera pas à 1,10 franc durant cinq jours consécutifs. L'usine ajoulote, qui compte 21 employés, dont 17 frontaliers, appartient au groupe français R. Bourgeois SA à Besançon.
Cloos Electronic, Le Locle
Les choses se sont passées différemment chez Cloos Electronic au Locle, révèlent L'Impartial et L'Express. Les 55 employés de cette société de sous-traitance ont appris qu'ils allaient être licenciés à fin février et seront réembauchés avec un nouveau contrat moins favorable et un salaire inférieur de 12%.
Interrogé par les quotidiens neuchâtelois, le directeur Robert Klossek indique que la dévaluation de l'euro face au franc a coûté "un million de francs de pertes immédiatement" à la société, auquel il faut rajouter la perte de valeur du stock de marchandises, soit trois millions de francs qui doivent être dévalués de 20%.
Avec 90% de ventes faites en euros, la société doit trouver des solutions, se défend le directeur. "On n'est pas des méchants! On essaye juste de tenir le coup!" Une rencontre entre direction et salariés est prévue afin de mettre en place des "mesures relativement modulables, qui ne mettront pas les gens en danger."
ebz et ptur, avec ats