Le taux d’intérêt négatif frappe les gros clients des banques, dont font partie les caisses de pension qui pèsent au total 800 milliards de francs.
Mais l’Association suisse des institutions de prévoyance (ASIP) estime que les caisses ne sont pas des clients comme les autres. Elle l'explique dans un courrier envoyé début février au président de la Banque nationale suisse (BNS) Thomas Jordan. Les représentants des caisses de pension lui demandent de pouvoir échapper à cet intérêt négatif.
L’association a confirmé à la RTS l’existence de ce courrier. Thomas Jordan n’a pas encore répondu officiellement, mais il a laissé entendre récemment dans une interview qu’aucune exception ne serait tolérée.
Il en existe pourtant déjà une: celle accordée aux avoirs de la Confédération, et donc aux comptes de sa propre caisse de pension, Publica. Cet argument va bien sûr être exploité dans le bras de fer engagé avec la Banque nationale.
Préserver l'intérêt des assurés
Les caisses de pension placent leur fortune dans l'intérêt des assurés, ce sont des organes de mise en œuvre d'une assurance sociale, rappelle Yves-Marie Hostettler, responsable romand de l'ASIP. "En ce sens, elles se distinguent des banques et autres établissements financiers".
Les caisses de pension sont légalement tenues d'avoir des liquidités pour pouvoir assurer les opérations du quotidien, au même titre que les banques, et ces liquidités ne sont pas utilisées à des fins de spéculation, rappelle-t-il.
Risques sur les rentes
"C'est clair que si dans l'ensemble des possibilités de placement des caisses de pension les perspectives de rendement devaient durablement diminuer, cela aura évidemment un impact" sur les rentes affirme encore Yves-Marie Hostettler.
Ludovic Rocchi/oang
Placer les avoirs en billets dans des coffres?
Comme le taux négatif est prélevé sur les avoirs en francs suisses, l'une des solutions des caisses de pension pour échapper à cette ponction serait de placer cet argent en monnaies étrangères.
L'autre solution serait le retrait de liquidités, donc en billets, et de les placer dans un coffre-fort, explique Yves-Marie Hostettler. "Dans ce cas-là, évidemment il n'y a plus d'intérêts, par contre il y a d'autres coûts et d'autres risques", avertit le représentant de l'ASIP.
"C'est une démarche qui peut être examinée, souligne Yves-Marie Hostettler, "mais il faut évidemment regarder les aspects coûts-risques-bénéfices qui entourent une telle opération".