"Affligeants": c'est le mot choisi lundi matin par les responsables de Travail.Suisse pour commenter les résultats de leur étude annuelle sur les salaires. Depuis 2003, la faîtière syndicale passe au crible les rémunérations de 27 entreprises helvétiques.
Malgré certaines baisses de salaire chez les "top managers" entre 2013 et 2014 (notamment -2% pour Sergio Ermotti, patron d'UBS, -4% pour Joseph Jimenez à Novartis, -11% pour Ulrich Spiesshofer d'ABB ou -20% pour Ernst Tanner de Lindt & Sprüngli), Travail.Suisse préfère pointer du doigt les écarts salariaux croissants ces dernières années. Depuis 2011, la hausse moyenne est de 18%, dénonce le syndicat.
Ecart salarial de 1 à 253
Sur le podium 2014 des plus grands écarts salariaux se trouvent Roche, UBS et Nestlé. Travail.Suisse relève que 37 managers gagnent plus de 100 fois le salaire du plus modeste de leurs employés.
Chez Roche, dont le patron domine le classement, l’écart salarial est de 1 à 253 entre le président du conseil d’administration Franz Humer (+12% de hausse entre 2013 et 2014 à 15,38 millions de francs tout compris) et le plus bas salaire de l'entreprise. Sans prendre en compte le CEO, le rapport est de 1 à 108, soit 38% de plus qu'en 2011 (1 à 78).
>>Le palmarès des dix managers les mieux payés en Suisse en 2014
asch
Initiative Minder "sans effets"
L'inefficacité de l'initiative Minder est particulièrement dans le viseur de Travail.Suisse. "L’acceptation massive de l’initiative n’a pas permis de juguler l’augmentation des salaires des 'top managers'", a déploré l'organisation devant les médias, lundi à Berne.
Même si le texte interdit les indemnités d'entrée et de départ, celles-ci continuent d'être versées, car les entreprises peuvent contourner les règles, assure Travail.Suisse.
La faîtière syndicale propose plusieurs mesures pour rectifier le tir: un renforcement du droit de la société anonyme, une transparence fiscale pour les très hauts revenus et une discussion politique sur une contribution de solidarité.