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"Si Monsanto désire continuer son approche, la balle est dans son camp"

Michel Demaré, président de Syngenta [Syngenta]
Interview de Michel Demaré / Forum / 11 min. / le 25 juin 2015
Interrogé jeudi par la RTS sur le projet de rachat par Monsanto, le président de Syngenta Michel Demaré a détaillé le refus du groupe bâlois. Mais si l'Américain vient avec un offre sérieuse, Syngenta sera "prêt à discuter".

Monsanto a déjà articulé deux propositions successives de rachat, la première en mai et la seconde en juin, mais le conseil d'administration de Syngenta a rejeté ces offres, estimant que Monsanto n'a pas fourni d'efforts suffisants concernant le prix. La proposition d'indemnité de 2 milliards de dollars, en cas de refus du mariage par les gendarmes de la concurrence, a également été qualifiée d'"inadéquate".

"A eux de venir avec une offre sérieuse"

Invité dans le cadre de l'émission Forum, le président de la société helvétique n'a toutefois pas adressé une fin de non recevoir. "Si Monsanto désire continuer son approche, la balle est dans son camp. C’est à eux de venir avec une offre sérieuse; c'est-à-dire un prix sérieux et des garanties solides du point de vue des autorités antitrust. Et en fin de compte un partage de synergies qui serait favorable à nos actionnaires."

Si les conditions préalablement citées sont réunies, Michel Demaré estime que le conseil d'administration se montrera "prêt à discuter", mais analysera surtout si la proposition "peut être supérieure à ce que nous pensons être capables de livrer nous-mêmes".

Les risques si les autorités refusent le mariage

La question du risque de blocage par les autorités de concurrence est par contre jugée très importante par le patron de Syngenta: "Le problème est que si nous acceptons la transaction, Monsanto va se séparer des produits semences. Nous devrons donc dissoudre une partie de la stratégie intégrée où beaucoup d'argent a été investi. Et si vous vous retrouvez deux ans plus tard avec un non des autorités antitrust, qu'est-ce qui reste de ce business? Comment reconstruire toute la stratégie démantelée? Les conséquences financières seraient énormes", plaide-t-il.

Michel Demaré dit aussi avoir passé beaucoup de temps ces derniers jours à convaincre les actionnaires de Syngenta de la valeur de l'action du groupe, actuellement impactée par l'exposition dans des pays émergents qui sont en crise. "Des à-coups que l'on n'absorbe pas en trois mois, ça s'est répercuté dans le prix de l'action. C'est le moment opportun où Monsanto est arrivé à un coût anormalement bas", a-t-il conclu.

RTSinfo

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