L'équipe de l'émission "On en Parle" a relevé périodiquement l'évolution des prix d'une trentaine de produits depuis l'affaissement de l'euro face au franc suisse en janvier dernier, à la suite de la décision de la Banque nationale suisse (BNS) d'abandonner le taux plancher.
La concurrence joue son rôle
Ce monitoring confirme un véritable changement de paradigme. Les prix baissent notamment dans l'électronique, l'automobile ou - dans une certaine mesure - l'alimentation. Et même s'il reste des exceptions, comme le prix de certains magazines français par exemple, c'est le signe que la concurrence fonctionne mieux en Suisse. Cette situation s'explique notamment parce que les consommateurs sont plus mobiles: ils n'hésitent pas, par exemple, à franchir la frontière pour s'approvisionner.
Parallèlement à ce tourisme d'achat, il y a eu aussi une progression des achats sur internet ces dernières années, "ce qui permet au consommateur d'acheter meilleur marché sans se déplacer à l'étranger", note le directeur de la politique économique au Secrétariat d'Etat à l'économie Eric Scheidegger.
Pression sur les salaires
C'est une bonne nouvelle pour le consommateur, mais à plus long terme le phénomène pourrait porter préjudice à l'économie suisse. "Inévitablement, ces baisses de prix (…) vont avoir un impact économique", souligne Nicolas Inglard, consultant pour la distribution. Et les premiers touchés seront les salaires. "La pression sur les salaires risque d'exister dans les mois ou les années à venir avec cette déflation", assure Nicolas Inglard.
Ce n'est donc que dans plusieurs mois, voire des années, que l'on pourra vraiment dresser un bilan de ce nouveau paradigme et savoir si l'îlot de prospérité qu'est la Suisse survit à l'îlot de cherté.
Aline Bassin/oang