Dans une lettre ouverte à l'attention d'Angela Merkel publiée mardi, les cinq économistes Thomas Piketty, Jeffrey Sachs, Heiner Flassbeck, Dani Rodrick et Simon Wren-Lewis font front commun contre la politique d'austérité en Grèce.
Dans leur pamphlet, les économistes martèlent que la "rigueur sans fin" est un échec: elle n'a selon eux fait que "saigner les Grecs sans soigner la plaie". Et de dénoncer un "impact humanitaire colossal". De fait, l'étude de quelques statistiques économiques et socio-démographiques montre systématiquement un décrochage à partir de 2007-2008.
Chômage record et dette colossale
A partir de 2008, le chômage commence à augmenter dans de nombreux pays de l'Union européenne mais s'envole littéralement en Grèce, où il passe de 7,8 à 26,5% en 2014. Les jeunes sont bien plus sévèrement touchés: plus d'un jeune Grec sur deux est désormais au chômage (52,4%).
Risque accru de sombrer dans la pauvreté
Les statistiques révèlent aussi la baisse de revenus des personnes qui travaillent. En cinq années de crise, le PIB par employé est passé de 35'425 dollars constants en 2007 à 32'256 en 2012 (alors qu'il a plutôt augmenté dans le reste de la zone euro).
Le risque de sombrer dans la pauvreté a, quant à lui, explosé en Grèce. En 2014, 36% des Grecs étaient considérés comme en risque de pauvreté ou d'exclusion sociale, contre 28% en 2008.
Diminution des dépenses de santé
Au regard du reste de la zone euro, le budget que consacrent les Grecs à leur santé a aussi diminué de façon franche entre 2008 et 2013, passant de 3094 dollars par an et par habitant en 2008 à 2146 dollars en 2013 (près de deux fois moins que la moyenne européenne).
Sans dresser directement de lien de cause à effet, on constate enfin que les années de crise ont été corrélées avec une diminution progressive du nombre d'années que les sexagénaires grecs peuvent s'attendre à passer en bonne santé, et une chute assez nette du taux de natalité.
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ptur