Même si ce n’est pas l’hécatombe attendue, le tourisme suisse continue de tousser. Le franc fort, qui met le secteur sous pression, est-il le seul responsable? Invité du Journal du matin de la RTS, le président de la Fédération suisse du tourisme Dominique de Buman pointe du doigt la difficulté d’investir. "Nous avons des atouts de taille, à commencer par le paysage, mais aussi un gros problème d’investissement. Les marges sont beaucoup trop étroites, en plus d’une concurrence qui s’est beaucoup développée", explique le conseiller national PDC.
Pour Dominique de Buman, le salut pour le tourisme suisse et ses infrastructures "désuètes" vient de l’étranger. "Nous avons de la chance de pouvoir compter sur la présence de chaînes internationales et de fonds étrangers qui investissent en Suisse. Dans de nombreux cas, dont celui du Schweizerhof à Berne, ce sont des fonds arabes qui ont investi pour rénover les infrastructures", assure-t-il.
Trouver de "nouvelles pistes"
La Suisse doit-elle dès lors faire davantage pour son tourisme? "Le mécanisme du crédit hôtelier a été revu en février par le Conseil fédéral, avec une limite à 6 millions au lieu de 2 millions jusqu'ici. Ce crédit est très utile, notamment pour les régions de montagne qui sont en grandes difficultés, mais il doit rester un moyen subsidiaire: il ne s’agit pas de sauver des infrastructures qui ne sont pas viables avec de l’argent public."
Pour le Fribourgeois, il faut trouver "de nouvelles pistes". "Le canton de Vaud, par exemple, a mis sur pied une aide de 500’000 francs par cas après concertation de tous les milieux concernés et élimination des projets pas viables. Cela me pousse à penser qu’il faut utiliser la nouvelle politique régionale: sans impliquer la Confédération, qui est dans les chiffres rouges, on peut imaginer un nouvel accord intercantonal pour les régions de montagne."
"Croire que le tourisme hivernal est terminé est une erreur"
La croissance de la clientèle asiatique - ciblée par le "Grand Tour Suisse" créé en février - est un facteur d'optimisme, tout comme une certaine prise de conscience des Suisses. "Ils ont été plus nombreux à voyager dans leur pays cet été. Ce réflexe citoyen me réjouit beaucoup. Les Suisses doivent retrouver le plaisir de voyager en Suisse", salue l’invité du matin.
Dominique de Buman repousse enfin la critique d'une Suisse trop dépendante aux sports d'hiver. "Beaucoup d’efforts ont été faits en moyenne altitude, là où l’enneigement n’est plus garanti. Croire que la politique des sports de neige est terminée, c’est une erreur", estime-t-il. "Nous avons fait une offensive pour que les jeunes retrouvent le goût des sports de neige. Pour gagner, il faut jouer toutes les cartes: hiver comme été."
asch
"Le Swiss Pass a encore des problèmes"
Interrogé sur le Swiss Pass, carte appelée à remplacer dès le 1er août l’abonnement général des CFF et qui donne accès aux remontées mécaniques, Dominique de Buman lui voit "plusieurs défauts".
"C’est une avancée technologique qui permet d’avoir accès à de nombreuses prestations, mais le temps de contrôle dans les trains sera beaucoup plus long. Les petites stations de ski vont également souffrir pour payer la commission pour l’utilisation du Swiss Pass dans leurs infrastructures".