Cette interdiction, datant du choc pétrolier des années 1970, a été assouplie par Washington en janvier dernier. Le condensat, une forme de pétrole brut légèrement traité, est désormais considéré comme un produit raffiné et donc admis à l’exportation.
Totalement absent jusqu’ici des statistiques de l'Administration fédérale des douanes (AFD), ce condensat apparaît depuis le mois de février. Au total, 140'000 tonnes ont été officiellement importées jusqu'à juillet.
Raffinage à Cressier
Propriétaire de la raffinerie de Cressier (NE), Varo Energy refuse de commenter ces informations. Mais pour le consultant Olivier Jakob de Petromatrix (ZG), cela ne fait aucun doute: depuis que Tamoil a fermé à Collombey-Muraz (VS), "toutes les importations de brut en Suisse vont sur la raffinerie de Varo".
Ces importations placent la Suisse aux avant-postes de la stratégie pétrolière américaine: "Elle est pionnière dans ces nouveaux flux, les premiers cargos de condensats qui sont sortis des Etats-Unis sont allés à destination de la Suisse", confirme Olivier Jakob.
L’exportation de condensats commence donc pour les Etats-Unis avec une première livraison confirmée vers le territoire helvétique. Mais Washington pourrait ouvrir plus largement le robinet de ses bruts vers les marchés internationaux.
Possible modification des équilibres commerciaux
Une commission du Sénat américain a déjà accepté de lever l’interdiction historique d’exportation.
Si les autorités américaines confirment ce choix, les équilibres commerciaux sur le marché du pétrole seraient profondément modifiés, avec également des conséquences géopolitiques, notamment sur la Russie.
Pascal Jeannerat/kg/mre