"Les décisions politiques notamment sur des droits de douanes, des contingents ou des fixations de tarifs ont plus d'incidence sur les prix que la spéculation", indique Yvonne Seiler Zimmermann, responsable de l'étude.
En tant que facteur isolé, la spéculation n'est responsable qu'à hauteur de 8% au maximum d'effets sur les prix ou la volatilité, selon les conclusions publiées lundi par la Haute école de Lucerne et l'Université de Bâle.
Déstabilisante pour le café ou la viande
Dans le cas des matières premières agricoles, la météo a également un effet notable sur les variations de prix.
Et pour certains aliments de base, comme le maïs, le sucre et le blé, les chercheurs ont même constaté un effet stabilisateur de la spéculation. A l'inverse, celle-ci peut s'avérer déstabilisante pour les produits carnés et en partie pour le café.
Les chercheurs ont passé au crible 28 matières premières alimentaires et non-alimentaires durant la période 2006 à 2015.
ats/sbad
"Seuls 16% des études concluent à un effet amplificateur"
En plus de leur propre étude statistique, les scientifiques se sont penchés sur les résultats obtenus par une centaine d'études menées entre 2009 et 2015.
L'équipe, composée de la spécialiste de la finance de la Haute école de Lucerne et de deux économistes de l'Université de Bâle, Heinz Zimmermann et Marco Haase, relève que 47% des études constatent un effet stabilisateur de la spéculation sur le marché.
Et selon 37% des rapports étudiés, ce facteur n'a aucune influence. Seuls 16% mettent en avant un effet amplificateur.
Initiative des Jeunes socialistes en votation
Le sort de la spéculation sur les matières premières agricoles et les denrées alimentaires sera tranché dans les urnes l'an prochain. L'initiative anti-spéculation de la Jeunesse socialiste avait formellement abouti en avril 2014 et le Conseil fédéral a décidé ce printemps de ne pas présenter de contre-projet.
Le gouvernement propose de rejeter l'initiative, doutant de l’efficacité des mesures proposées et craignant des conséquences néfastes pour l’économie en cas de oui.
Le Conseil fédéral dit partager les objectifs de l’initiative – "améliorer l’approvisionnement en denrées alimentaires et lutter contre la pauvreté" – mais juge que les récentes hausses de prix des matières premières agricoles sont dues à d’autres facteurs que la seule spéculation (sécheresse, gel…).