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Il vous en coûtera plus de 30'000 francs pour abattre un lion en Afrique

La chasse aux lions
La chasse aux lions / T.T.C. (Toutes taxes comprises) / 7 min. / le 21 septembre 2015
Chaque année, près de 20'000 chasseurs posent le pied sur le continent africain en quête des plus beaux trophées. Un chiffre qui ne cesse de croître et qui alimente un juteux business de près de 200 millions de francs par année.

Au cours des vingt dernières années, le nombre de chasseurs étrangers a plus que doublé en Afrique et de nombreux Suisses figurent parmi ceux-ci. Entre 2010 et 2014, 41 trophées d'éléphants, 15 de lions, 15 de léopards et 13 d'hippopotames ont été importés dans le pays.

Une pratique qui demeure légale tant qu'ils sont accompagnés d'une licence d'exportations délivrée par l'Etat dans lequel a été tué. La semaine dernière, l'interdiction d'importer des trophées réclamée dans une motion par la conseillère nationale Aline Trede (Les Verts/BE) a en effet été balayée par le Conseil fédéral.

Un rhinocéros pour plus de 100'000 euros

Les Etats africains ont compris que la chasse aux trophées pouvait être une importante source de revenus. Ils définissent ainsi les quotas d'animaux à tirer et vendent les permis aux agences spécialisées. Des agences qui proposent généralement à leurs clients des séjours tout inclus, avec des forfaits de chasse pour certains animaux.

Les tarifs varient énormément en fonction des espèces tirées: en moyenne 500 euros (545 francs) pour un impala ou un phacochère contre 5000 euros (5450 francs) pour une girafe, 30'000 euros (32'700 francs) pour un lion et 40'000 euros (43'600 francs) pour un éléphant.

Loin devant, le rhinocéros bat tous les records, atteignant plus de 100'000 euros (109'000 francs).

La corruption, un fléau

En 2013, des scientifiques estimaient à 200 millions de dollars (193 millions de francs), le montant total généré par le tourisme de chasse sur le continent africain, dont la moitié pour la seule Afrique du Sud. Dans ce contexte, le défi pour les Etats concernés est de ne pas tarir la source de leurs revenus.

Voilà qui n'est pas sans poser problème aux pays d'Afrique de l'Ouest et au Zimbabwe notamment, gangrenés par la corruption. Les quotas de chasse sont régulièrement dépassés en échange de dessous-de-table. Résultat: les populations animales disparaissent progressivement.

La "chasse en conserve"

L'Afrique du Sud a trouvé une solution particulière pour préserver ses espèces tout en développant l'industrie de la chasse: des lions sont élevés en captivité dans l'unique but d'être ensuite relâchés, puis abattus.

Entre 5000 et 8000 fauves vivraient aujourd'hui dans les cages de 200 fermes proposant cette "chasse en conserve". Plus de 800 lions sont tués annuellement dans ces battues, soit deux à trois par jour.

Après la polémique ayant entouré la mort du lion Cecil, le Zimbabwe a lui restreint aux fauves sur son territoire. Le Kenya ou le Botswana l'ont carrément interdite depuis quelques années. Leur alternative économique? Le safari-photos.

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Valérie Gillioz/kg

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