La marque automobile espagnole Seat a vendu environ 700'000 véhicules dans le monde équipés d'un moteur diesel porteur d'un logiciel truqueur, sur un total de près de 11 millions écoulés par sa maison-mère Volkswagen, a indiqué mardi un porte-parole de Seat.
Seat est en train de voir combien de ces véhicules ont été vendus en Espagne et quels sont précisément les modèles concernés. "Les propriétaires des véhicules équipés de moteurs EA189 seront convoqués", a indiqué le porte-parole.
Sur les 11 millions de véhicules manipulés, la tricherie concerne 5 millions de voitures de marque Volkswagen, 2,1 millions de berlines haut de gamme Audi, 1,2 million de Skoda et 1,8 million d'utilitaires VW.
Plan global de réparation
Devant les cadres dirigeants du groupe Volkswagen réunis lundi soir au siège de Wolfsburg, Matthias Müller, le nouveau directeur, a dit que les autorités seraient informées en octobre d'un certain nombre de solutions techniques.
La marque a mis sur pied un plan "global" visant à assurer que ses moteurs diesel respecteront les normes en matière de tests anti-pollution. Volkswagen proposera à ses clients "dans les jours à venir" de venir modifier les modèles diesel incriminés.
Matthias Müller a ajouté que la marque Volkswagen deviendrait indépendante au même titre qu'Audi et Porsche.
Amendes et poursuites
Mais le constructeur n'est pas sorti de la tourmente pour autant. Les risques d'amendes se comptent en milliards de dollars. Et des dizaines de plaintes se trouvent sur la table de la justice civile (voir encadré pour la Suisse).
Le géant de Wolfsburg a provisionné 6,5 milliards d'euros (7,10 milliards de francs) pour faire face aux coûts induits par ce scandale.
Baisse des ventes
Les chiffres des ventes aux Etats-Unis et en Europe pendant le mois de septembre seront rendus publics jeudi. Mais il devrait être difficile d'en tirer des conclusions, d'autant que les performances de VW étaient déjà en retrait aux Etats-Unis.
Pour septembre, le site spécialisé Edmunds s'attend à une baisse de 2% des ventes de l'entreprise. VW serait le seul constructeur à enregistrer un repli, ce mois-ci, aux Etats-Unis.
VW pourrait avoir encore plus à perdre dans l'Union Européenne, dont il s'arroge quelque 25% du marché.
La ville de Wolfsburg, siège du constructeur automobile, a par ailleurs gelé le budget communal et les nouvelles embauches jusqu'à nouvel ordre. L'affaire va nettement grever ses finances.
agences/sbad
En Suisse, la FRC envisage de déposer plainte
La Fédération romande des consommateurs (FRC) songe à déposer une plainte pénale contre les acteurs concernés par l'affaire des moteurs truqués du groupe Volkswagen.
L'organisation se baserait sur la loi contre la concurrence déloyale. "Il est aussi possible que nous regroupions les lésés romands pour les aider dans leurs démarches", a expliqué Valérie Muster, juriste à la FRC.
Si l'Office fédéral des routes en vient à interdire la revente des véhicules incriminés, les individus lésés peuvent déposer une plainte pénale contre le constructeur pour exiger des dommages et intérêts.
Sur le plan civil, si le vendeur était au courant de la duperie, le consommateur peut invoquer la tromperie intentionnelle. Il peut alors annuler le contrat et se faire rembourser.
Celui qui se lance dans de telles démarches doit s'attendre à de longues procédures, selon la juriste. "A moins que les marques et les constructeurs se montrent conciliants", conclut Valérie Muster.