"On ne peut pas parler de déferlante. Il faut combattre les thèses d'extrême-droite qui laisse à penser à l'envahissement", a indiqué jeudi Pierre Moscovici, interrogé par Darius Rochebin pour le Journal de 19h30.
Le commissaire européen dit "comprendre les crispations qui peuvent être identitaires ou liées à la crise". Néanmoins, "il faut prendre la mesure des phénomènes, il faut regarder les faits", a martelé le Français en charge des Affaires économiques et monétaires au sein de la Commission européenne.
Les réfugiés contribuent à la croissance
Pierre Moscovici, dont le père est roumain et la mère polonaise, a appelé à considérer les aspects positifs et négatifs de la migration.
"Bien sûr qu'il y a un coût à l'accueil de réfugiés. On peut l'estimer par exemple à 10 milliards d'euros pour l'Allemagne. Mais c'est aussi de l'argent injecté dans l'économie. Une fois intégrées, ces personnes participent à la consommation et au marché du travail. Nous avons chiffré cela à 0,2 ou 0,3 point de PIB d'ici à2017", a annoncé Pierre Moscovici, en estimant que pour les principaux pays d'accueil, comme l'Allemagne, l'Italie et l'Autriche, "ce sera plus".
Ces chiffres sont les mêmes que ceux de l'OCDE, du Fonds monétaire international et des économistes allemands, a-t-il aussi souligné.
Confiant pour la place financière suisse
Pierre Moscovici s’est aussi exprimé sur la fin du secret bancaire, qu'il juge bénéfique pour l’image de la Suisse. "La transparence fiscale qui se déroule à l’échelle mondiale est irrésistible. Il vaut mieux l’accompagner de manière intelligente par des mesures concertées que d’y résister ou de biaiser", a-t-il estimé dans Forum.
"Il y aura toujours une industrie financière suisse qui sera prospère, qui sera forte, mais elle sera forte et prospère parce qu'elle sera innovante, parce qu'elle sera capable d’offrir des services à ses clients et non pas parce qu'elle servira de refuge supposé à je ne sais quelle tentation d’évasion fiscale", a-t-il poursuivi.
Le commissaire européen n’est pas inquiet pour la place financière suisse. "Je n’ai aucune crainte pour la Suisse, je ne pense pas que la Suisse ait perdu son coup d’avance en la matière, je pense qu'elle évite de faire un pas de côté, ce qui est assez différent et qu'encore une fois cette forme de privilège n’était pas la bonne."
bri/lgr
Réaction au tweet de Philippe de Villiers: "Vulgarité, violence, misérable",
Pierre Moscovici a dénoncé "la violence, la vulgarité et l’aspect misérable" de l’attaque de Philippe de Villiers, via Twitter. Il s'agit d'un retour d’un climat digne des années 1930, selon le commissaire européen.
L'ancien secrétaire d'Etat de Jacques Chirac l’a accusé de favoriser une immigration incontrôlée en faisant part de son "envie de mettre un coup de poing dans les parties basses" du commissaire européen.