Le constructeur automobile allemand promet une "amnistie" pour ses salariés: ils ne seront ni mis à la porte ni trainés devant la justice, même si des cadres doivent rendre des comptes. Mais comment maitriser une telle prise de parole? Et est-ce le signe d'un changement de culture au sein d'une entreprise menée d'une main de fer par l'ancien patron?
Des employés qui n'ont plus confiance
Il faut une génération pour changer une culture, souligne Jean-Yves Mercier, professeur de ressources humaines au MBA de l'Université de Genève, interrogé dans Le Journal du matin. Il émet des doutes sur la volonté des employés ou des cadres à parler, alors qu'ils n'ont plus confiance en l'entreprise. "Les gens vont réfléchir à deux fois, voire à dix fois", avant de parler.
"La transparence ne peut pas se décréter", poursuit Jean-Yves Mercier. "Le changement était nécessaire, il fallait frapper un grand coup, mais on est dans une culture qui était très refermée sur elle-même, avec un sentiment d'impunité collectif. Donc, à un moment donné, il faudra de toute façon un changement beaucoup plus radical que ça."
Un nouveau patron très temporaire
Lors d'une crise, il faut aussi des gens qui connaissent le système rappelle le professeur en évoquant la nomination de Matthias Muller. Mais il pense que le nouveau ne restera en poste qu'un ou deux ans. "C'est écrit nulle part et lui ne le sait peut-être pas, mais l'histoire montre qu'en général, dans une crise pareille, il faut quelqu'un qui connaisse le système, qui connaisse les gens, pour pouvoir les mobiliser. Mais il sera incapable, tellement marqué par le sérail, de faire lui-même le grand changement qui sera nécessaire."
oang