Depuis 1991, les postes à temps partiel séduisent de plus en plus les Suisses. La notion même de temps partiel perd progressivement sa connotation négative d'une vie plus précaire au profit d'une amélioration de la qualité du quotidien, notamment concernant la garde des enfants ou la possibilité de s'investir dans d'autres activités.
Certains secteurs sont aussi davantage concernés par le temps partiel. En tête, la santé et l'enseignement, où 50 à 60% des postes sont des mi-temps. Le commerce de détail arrive lui en seconde position avec 40% de temps partiels, suivi des banques et assurances (15-20%), puis du secteur de l'industrie et de la construction (5-15%).
Un temps partiel essentiellement féminin
Si le recours au temps partiel attire de plus en plus les hommes actifs - ils étaient près de 16% en 2014 contre seulement 8% au début des années 90 - le temps partiel demeure essentiellement une affaire de femmes. L'an dernier, elles sont près de 60% à faire ce choix. Ces 20 dernières années, cette proportion a grimpé de près de 10% pour les femmes actives.
Préférer sa famille à son travail en tant que policier, ce n'était pas simple à faire passer.
Grégory Jacquet, cadre au sein de la police neuchâteloise, fait partie de ces 16% d'hommes ayant choisi de réduire leur temps de travail. "L'arrivée du premier enfant était l'occasion de se redemander comment on voulait s'organiser en couple et en famille. Et on a trouvé opportun de pouvoir protéger les deux carrières et la vie de famille", raconte-t-il dans l'émission TTC. "Mais préférer sa famille à son travail en tant que policier, ce n'était pas simple à faire passer", poursuit Grégory Jacquet.
Un temps partiel parfois subi
En Suisse, le recours au temps partiel est en grande majorité le résultat d'un choix, comme le confirment les derniers chiffres de l'enquête Eurostat. En 2014, seul 16,5% des personnes à mi-temps désirent travailler plus. Sur ce point, la Suisse affiche l'un des taux les plus bas d'Europe.
En revanche dans les pays où le taux de chômage est plus important, le temps partiel est plutôt un signe de précarité, comme en Grèce, où 72% des personnes à mi-temps souhaiteraient travailler plus.
Des pertes souvent compensées
Financièrement, la perte nette en salaire à la fin du mois est souvent contrebalancée par d'autres bénéfices, tels que la diminution des frais de crèche ou des impôts. "Je perds 1500 francs à la fin du mois. C'est un gros manque, mais il faut balancer avec les charges qu'on n'a plus. Du coup on perd 500 à 600 francs par mois", explique Grégory Jacquet.
Le plus grand danger en entreprise, c'est le phénomène de rupture.
Le temps partiel a aussi un impact sur les coûts fixes des entreprises, comme le matériel de bureau, notamment les ordinateurs. Mais le bénéfice en termes de productivité des employés permettrait de compenser largement ces coûts, comme l'explique Blaise Matthey, directeur de la Fédération des entreprises romandes: "Une meilleure productivité paie les coûts de mise en oeuvre. Le plus grand danger en entreprise, c'est le phénomène de rupture", souligne-t-il.
Aline Inhofer/mo/vkiss