Autoriser les réfugiés à travailler pendant l'examen de leur dossier, mais aussi et surtout, pouvoir les payer moins que le salaire minimum là où il est en vigueur: c'est ce que propose ce rapport du Fonds monétaire international (FMI) pour intégrer les migrants sur le marché de l'emploi, présenté par sa directrice générale Christine Lagarde mercredi au World Economic Forum (WEF) à Davos.
Pas d'obligation de salaire minimum
Les dépenses publiques liées à leur accueil risquent en effet de peser sur les finances des Etats, et il faut trouver des solutions. Pour le FMI, l'impact économique de cette vague migratoire dépendra de la capacité des réfugiés à pouvoir travailler rapidement et sans que les employeurs ne doivent forcément leur verser le salaire minimum.
"Sur le plan économique, c'est LA bonne solution", estime Charles Wyplosz, professeur d'économie à l'IHEID à Genève. "Ces réfugiés qui arrivent ont des problèmes pour acquérir la langue et les compétences locales. Et ils ne sont probablement pas employables dans les pays où les salaires minimum sont relativement élevés, ce qui est un peu le cas de l'Allemagne et beaucoup le cas de la France", relève-t-il.
Menace de concurrence déloyale
Mais un autre économiste, Samuel Bendahan, met en garde contre un risque de concurrence déloyale. "Il ne faut en tout cas pas les mettre en concurrence avec des travailleurs locaux qui demandent un salaire minimum et que l'on n'a pas le droit d'engager moins cher", avertit le maître de recherche à HEC Lausanne.
Ce dernier suggère d'autres pistes, comme des emplois sur le modèle du service civil mais mieux rémunérés - "avec le but d'obtenir un véritable salaire et un revenu décent à la fin", précise-t-il. Samuel Bendahan craint, avec les pistes du FMI, que l'on créée "des situations où on rajoute du chômage dans le système tout en baissant les salaires."
Le FMI le reconnaît du reste que ses solutions économiques sont politiquement sensibles.
Olivier Schorderet/oang