Le Fonds monétaire international (FMI) a mis fin à l’attribution automatique des 5 sièges au comité exécutif pour les principaux contributeurs: les USA, le Japon, l’Allemagne, la France et la Grande-Bretagne. Les 24 représentants devront être élus, ce qui modifiera aussi les droits de vote.
Ces mesures vont dans la bonne direction pour Cédric Tille, professeur d’économie à l’Institut des hautes études internationales et du développement à Genève, même si elles sont extrêmement lentes à se mettre en place. "On est encore loin de représenter le monde tel qu'il est au niveau des poids économiques. Le FMI reste très influencé par le monde tel qu'il était il y a 70 ans."
Et d'ajouter: "C'est un des facteurs qui a contribué à la création l'année passée d'une banque d'investissements sous l'égide de la Chine, qui est un peu une 'banque mondiale bis'. Un des facteurs était que les pays émergents, et la Chine en particulier, ne se sentaient pas suffisamment représentés dans les institutions existantes."
Traitement de faveur aux Européens
Cette réforme permet aussi au FMI de doubler ses ressources financières, indispensables à l’heure où il est de plus en plus régulièrement appelé à la rescousse, notamment en Europe. Certains estiment d'ailleurs qu'un traitement de faveur est octroyé aux Européens. "Ce qui a beaucoup gêné dans la situation de l'Europe, du point de vue des pays émergents, c'est que le problème de la zone euro est un problème interne", relève Cédric Tille.
Le fait même qu’un Européen dirige traditionnellement l’Institution est symptomatique de ce dysfonctionnement. Christine Lagarde a d'ailleurs dit son souhait de rempiler à la tête du FMI. La Française a un bon bilan et le soutien des grands pays européens. Les émergents devront sans doute encore attendre un tour.
Sylvie Belzer/lgr