De 28% dans les années 70 à presque 40% aujourd'hui, le taux de propriétaires en Suisse n'a cessé de progresser ces dernières décennies. L'augmentation des revenus est le principal élément qui a permis a de plus en plus de ménages de la classe moyenne d’acheter un logement.
La seconde raison est culturelle. L’Homo helveticus a toujours rechigné à s’endetter: en Suisse, les achats à crédit ont longtemps été rares. Un changement de mentalité a amené de plus en plus de Suisses à souscrire à un crédit hypothécaire.
Grosses différences européennes
Selon les statistiques européennes datant de 2013, le taux de propriété en Suisse était de 44%. Les taux allemand (53%), autrichien (57%) et français (63%) se situent à des niveaux proches de certains cantons suisses, où le taux frôle les 60%, comme en Valais ou dans le Jura.
La Suisse reste encore très loin de la Norvège où l'on retrouve 84% de propriétaires. Le pays scandinave est toutefois devancé par quasiment tous les pays de l’ex-bloc soviétique, où l’accès à la propriété était presque un droit citoyen. Le record d’Europe est détenu par la Roumanie et son taux de 97% de propriétaires.
Endettement élevé
La dette hypothécaire représentait 740 milliards de francs en Suisse en 2014, en constante et forte progression ces 30 dernières années. Un chiffre qui dépasse le produit intérieur brut (103% du PIB). En Europe, seuls les Néerlandais sont plus endettés: les crédits hypothécaires aux Pays-Bas équivalent à 107% du PIB.
Nicolas Rossé
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Le risque de la hausse des taux
Dans les années 90, la hausse des taux a ruiné de nombreux propriétaires suisses. Aujourd’hui, les spécialistes de l’immobilier ne croient pas qu’une crise hypothécaire d’une telle ampleur puisse se reproduire, et ce pour deux raisons.
En premier lieu parce que la BNS n’est pas près de relever ses taux d’intérêt, car la mesure serait synonyme d’un nouveau renforcement du franc suisse alors que son niveau actuel est déjà difficilement supportable pour de nombreuses entreprises.
Seconde raison: la ruée sur les taux longs. Emprunter de l’argent à long terme n’a jamais été si bon marché en Suisse (1,3 % sur 10 ans par exemple), une situation qui a poussé la grande majorité des propriétaires à bloquer leurs taux d’emprunts. Une hausse des taux ne toucherait donc qu'une minorité ayant emprunté à court terme.