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Les étiquettes énergie ne reflètent pas la réalité des modes de consommation

Étiquettes énergétiques: des valeurs loin de la réalité?
Étiquettes énergétiques: des valeurs loin de la réalité? / A bon entendeur / 7 min. / le 23 février 2016
Les standards utilisés pour tester les machines ne sont pas les mêmes pour l'industrie que pour les consommateurs. Les factures d'électricité peuvent s'avérer plus élevées que ce qui était annoncé sur l'étiquette.

Sur les 60 milliards de kwh d'électricité consommés annuellement en Suisse, quelque 18 milliards, soit près du tiers, le sont par des ménages privés. Cela représente environ 3,6 milliards de francs. C'est dire l'importance que peuvent revêtir les économies dans ce domaine et donc les étiquettes énergie (voir la consommation décortiquée des ménages en encadré).

Le label énergétique en Suisse est obligatoire pour une quinzaine d'appareils. Entre autres, les téléviseurs, les aspirateurs, les lave-linge, les lave-vaisselle, les frigos ou même les machines à café, depuis l'an dernier. Or, selon une enquête de l'émission A Bon Entendeur, les étiquettes ne reflètent pas toujours la réalité.

Une TV éclairée qu'à 65%

Exemple avec un téléviseur testé par un inspecteur fédéral des courants forts, l'ESTI. L'ingénieur vérifie l'intensité du rétro-éclairage de l'appareil avec un luxmètre. Selon le standard, elle doit être à 65%.

Problème: quasi personne ne regarde son téléviseur en le réglant sur une luminosité de seulement 65%. Selon Enrico Pagani, ingénieur chez Electrosuisse, la luminosité réglée au maximum peut consommer jusqu'à 20 à 30% d'énergie en plus. Or, même dans les magasins, les vendeurs augmentent la luminosité afin de rendre l'image plus attrayante.

Des tests standards pas réalistes

Dans un laboratoire lyonnais, que l'émission ABE a visité, il existe des procédures de tests très différentes selon qu'ils soient effectués pour l'étiquetage d'une industrie ou pour des associations de consommateurs.

Pour le lave-linge, par exemple, il existe deux types de charge: celle constituée de taies, de drap et de torchon pour l'industrie, soit uniquement du cotton 100%, et celle pour les unions de consommateurs, qui inclut sept éléments différents (jeans, draps, taies), plus proche d'un véritable panier de linge.

Ces deux charges absorberont l'eau de manière différente, ce qui aura automatiquement un impact sur la consommation énergétique et la détergence.

Même si ces standards pour les industries ne relèvent pas de la tricherie, le consommateur, lui, n'est pas informé. ABE a relevé les mêmes constats pour les tests sur les lave-vaisselle, effectués uniquement avec des assiettes, ou pour le test standard pour les aspirateurs, réalisé sur une surface en aluminium, où la poussière reste moins attachée.

>> Le point avec Julie Frère, porte-parole de Test-Achats :

Étiquetage énergétique: l'Europe va-t-elle mieux défendre ses consommateurs? Le point avec Julie Frère, porte-parole de Test-Achats
Étiquetage énergétique: l'Europe va-t-elle mieux défendre ses consommateurs? Le point avec Julie Frère, porte-parole de Test-Achats / A bon entendeur / 2 min. / le 23 février 2016

10% à 20% des contrôles échouent en Suisse

La Suisse est l'un des quelques pays européens où existe un contrôle instauré par le gouvernement. C'est l'Inspection fédérale des courants forts, l'ESTI, qui sillonne le pays pour faire respecter la législation sur les étiquettes énergie.

Chaque inspecteur effectue environ 60 contrôles par an, des contrôles aléatoires, mais aussi ciblés. Selon Peter Fluri, chef de la surveillance du marché à l’ESTI, quelque "80% à 90% (de ces contrôles) sont bons". Cela représente aussi 10% à 20% de moins bons.

Les appareils assujettis à l'étiquette énergie sont contrôlés directement en magasin. En cas de manquement, un avertissement peut être donné. Mais cela peut aller beaucoup plus loin qu'une simple lettre, quand cela concerne les constructeurs.

Si le classement ou les chiffres de consommation répertoriés par les étiquettes s'avèrent faux, l'Office fédéral de l'énergie, qui chapeaute ces contrôles, peut infliger des amendes allant jusqu'à 40'000 francs.

>> Reportage avec le contrôleur fédéral Peter Fluri :

L'étiquette énergétique sous la loupe
L'étiquette énergétique sous la loupe / A bon entendeur / 5 min. / le 23 février 2016

Claudio Personeni/fme

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La consommation d'un ménage décortiquée

En moyenne, un ménage helvétique de quatre personnes consomme aujourd'hui 5400 kwh par an.

A lui seul, l'éclairage engloutit 17% de la consommation annuelle, soit 170 francs. Une réelle progression depuis l'introduction des étiquettes énergétiques en 2002, puisque l'ampoule classique coûtait 15 francs par an, contre 1,50 francs aujourd'hui pour la même lumière d'une ampoule LED.

Laver, sécher et repasser, même si l'on a réussi à diviser par deux la consommation de ces appareils en 20 ans, reste une part importante de la facture: 22%, soit 220 francs par an.

Réfrigérateur et congélateur, c'est 10% de notre consommation annuelle, soit 100 francs. Ici, toujours grâce à la pression des labels énergétiques, la facture a été divisée par quatre en 20 ans.

Pour cuisiner, laver la vaisselle et faire son café, on utilise 20% de notre consommation électrique, soit 200 francs.

Enfin, le secteur devenu aujourd'hui le plus gourmand, le multimédia: téléphones, tablettes, chargeurs, ordinateurs, chaînes hifi, etc, représentent 23% de l'électricité consommée par un ménage moyen en une année, soit 230 francs.

Avec un prix moyen de 20 centimes le kwh, la facture s'élève donc à un peu plus de 1000 francs par année.

Des appellations A+, A++ et A+++ à s'emmêler les pinceaux

Aujourd'hui on trouve des étiquette-énergie sur une bonne quinzaine d'appareils différents. Des appareils électroménagers, certes, mais aussi les lampes, les téléviseurs, les voitures et même les pneus.

Ces étiquettes indiquent dans quelle catégorie énergétique se trouve l'appareil ou le produit. Cela va de A à G, voir des A+, A++ et même A+++ pour d'autres. De quoi semer la confusion dans l'esprit des consommateurs. Une révision est actuellement en préparation à l'échelle européenne.

Dans la catégorie des réfrigérateurs, A+ signifie l'appareil le moins performant. Alors que pour beaucoup de personnes, A+ veut dire un bon appareil parce que dans l'inconscient collectif, la cote A est une bonne cote contrairement à la cote B ou C.

La Commission européenne a transmis une proposition de projet de révision au Conseil et au Parlement européens qui doivent statuer ces prochains mois pour une appellation généralisée de A à G.