Ancien auditeur interne d'UBS France, Nicolas Forissier a contribué à révéler l'affaire qui a conduit à l'inculpation de la banque suisse, poursuivie pour blanchiment aggravé de fraude fiscale, et de sa filiale française pour complicité. L'établissement est aussi inculpée pour subornation de témoin.
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"A titre personnel, c’est très important puisque c’est la première fois dans l’histoire bancaire française et européenne qu'un établissement, qui est exposé à des faits financiers extrêmement graves et à des infractions financières extrêmement graves, se voit mis en examen pour avoir tenté de faire taire celui-là même qui a révélé ces affaires, donc moi", s'est réjoui Nicolas Forissier, interrogé dans l'émission Forum.
"J’ai été auditeur interne de cette maison pendant huit ans, j’y ai découvert des choses d’une extrême gravité", rappelle le lanceur d'alerte. "J’ai dénoncé ces faits parce que la loi m’y obligeait, je ne l’ai pas fait pour nuire à quiconque, j’ai été obligé de respecter les règles de mon métier, l’audit interne est une fonction réglementaire et réglementée dans mon pays, je n’avais d’autre choix."
"Ce que je veux c'est une réhabilitation"
Le cas de Nicolas Forissier a été réglé au prud'homme, où il a été indemnisé à hauteur de 300'000 francs pour licenciement abusif. La banque a fait appel de cette décision. "Les conclusions étaient que je n’avais pas voulu prescrire aux pratiques illicites de mon établissement". Et d'ajouter que la mise en examen pour subornation de témoin montre bien une convergence entre les différentes juridictions. "UBS m’avait proposé de l’argent contre un écrit disant que je m’étais trompé dans mes analyses, ce que j’ai refusé. Et je m’en félicite tous les jours, parce que si je l'avais fait, c'est moi qui serais mis en examen en ce moment."
Le lanceur d'alerte se défend de se battre pour le symbole. "Ce que je veux c’est une rédemption, une réhabilitation parce que la banque a cassé ma carrière et mon évolution professionnelle. Ce n’est pas un symbole, ce n’est qu'une reconnaissance d'avoir bien fait mon métier et d'avoir été licencié abusivement et selon des procédés qui sont abjects."
Un contexte national favorable
Conscient du contexte politique français, Nicolas Forissier admet que "le dossier national rend bien service au gouvernement actuel pour remplir les caisses de Bercy", mais il ne s'explique pas que la France n'ait pas réagi plus tôt. "Comment en étant au courant de tout depuis 2009, la justice n’a pu être saisie qu'en 2011?"
RTSinfo
UBS France fait confiance à la justice
Contacté par la RTS, UBS n’a pas souhaité répondre sur La 1ère, mais a fait savoir qu’UBS France doit constater que son ancien salarié souhaite plaider son cas dans les médias et sur la place publique.
UBS France fait confiance à la justice, avec laquelle elle a toujours collaboré et garde de ce fait une réserve dictée par le souci de ne pas interférer publiquement dans le travail des juges, indique l'établissement bancaire.
La banque, qui conteste vivement les accusations de cet ancien salarié et qui entend faire valoir ses droits et sa position, "attend avec sérénité l’issue de cette affaire". Elle rappelle encore que, jusqu'à droit connu, doit prévaloir en sa faveur, comme pour tout justiciable, la présomption d'innocence.
UBS France rappelle encore qu'elle a porté plainte pour diffamation contre son ancien employé Nicolas Forissier.