Transférer ses centrales nucléaires dans une société de gestion collective, à caractère étatique, pour renouer avec les chiffres noirs: d'après la Basler Zeitung, qui s'est procuré un document confidentiel, c'est le plan que caresse Alpiq, société électrique qui détient les centrales nucléaires de Gösgen (SO) et Leibstadt (AG), dont Axpo est co-propriétaire.
Alpiq et Axpo, les deux plus importantes entreprises électriques de Suisse, ont effectivement de gros problèmes financiers.
Les subventions allemandes aux énergies renouvelables ont provoqué une diminution du prix de l'électricité. Les centrales hydrauliques et les centrales nucléaires ne sont donc plus rentables. Ces deux entreprises enregistrent près d'un milliard de perte dans leur chiffre d'affaires de 2015.
>> Lire : Le groupe énergétique Alpiq est resté dans les chiffres rouges en 2015
Roger Nordmann "approché"
Pour parvenir à l'étatisation de ses centrales nucléaires, dit le document confidentiel cité par le quotidien bâlois, Alpiq doit être considérée comme une entreprise "too big to fail", soit trop grande pour faire faillite. Un caractère attribué jusqu'ici aux grandes banques.
La hausse du chômage pour les cantons dans lesquels sont implantées les centrales pourrait être un argument, dit le document.
La Basler Zeitung publie aussi les photos des élus qui, selon le document confidentiel, devront être approchés pour ce projet. Seul Romand parmi eux, le conseiller national Roger Nordmann (PS/VD).
"Un aveux de faillite"
Contacté par la RTS, ce dernier confirme être régulièrement approché par Alpiq ou Axpo. "Ils sont obligés d'acheter à environ 7 centimes le kilowatt-heure, pour le revendre 3 centimes. Acheter du courant pour le revendre à perte... En réalité, ils préparent le transfert vers des structures de défaisance." Soit, des structures qui rachètent des actifs à haut risque afin d'éviter une faillite.
Pour Roger Nordmann, ces entreprises sont, de facto, déjà considérées comme étant "too big to fail": "L'article 80 de la loi sur l'énergie nucléaire prévoit que l'Etat doit prendre en charge les installations et la gestion des déchets. Le jour où ces sociétés feront faillite, c'est l'Etat qui devra payer." Et le conseiller national d'y voir déjà "un aveu de faillite du nucléaire".
fme