Invité jeudi dans le cadre de l'émission Forum, l'ancien procureur général de Genève de 1990 à 2002 Bernard Bertossa a qualifié les sociétés offshore de "burqa de la finance". S'il estime que ce type de société a pour but de cacher, "en tant que telle, elle n'est pas illégale", concède-t-il.
Très actif dans la lutte contre la criminalité financière, notamment via l'Appel de Genève de 1996, le magistrat se montre toutefois sceptique sur l'autocontrôle en vigueur, étant donné que "l'existence même d’une société offshore, son seul but, est de camoufler."
"Si on se camoufle, c'est que l'on a quelque chose à cacher"
Dès lors, l'existence de cas problématiques ne serait pas une surprise à ses yeux: "On m’explique ou j’entends dire ici où là, notamment par certains avocats, qu'il y a des camouflages qui seraient légaux. Moi je n'en connais pas, mais je ne peux pas exclure qu'ils existent", poursuit Bernard Bertossa.
"En principe, si l'on se camoufle, c'est que l'on a quelque chose à cacher. Et si l'on a quelque chose à cacher, c'est souvent - pour ne pas dire toujours - par rapport à l’autorité qui est en charge de faire respecter la loi."
"Mieux vaut tard que jamais"
Bernard Bertossa indique encore n'avoir rien appris sur les pratiques révélées par les "Panama Papers". Mais s'il y a maintenant une prise de conscience, "mieux vaut tard que jamais".
"Cela fait très longtemps que l'on sait que ces instruments de camouflage - qui sont malheureusement tolérés - [existent] (…) Alors qu'il suffirait de constater la réalité économique, qui est que ces sociétés n'existent pas (…) et que l'on ne peut pas ouvrir des comptes à leur nom, on ne peut pas conclure des contrats à leur nom... Cela permettrait d’éradiquer le problème", conclut-il.
Pour rappel, le Ministère public genevois a ouvert des procédures à la suite du scandale des "Panama Papers".
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jzim