Après les fitness, les aliments pour allergiques et les vélos électriques, voici le docteur Migros. Le géant orange a racheté fin 2015 les réseaux de soins Santémed à l’assureur Swica, poursuivant une nouvelle orientation dans le secteur de la santé.
Le groupe tente de compenser ainsi le bénéfice en baisse de ses supermarchés, à cause du franc fort et du tourisme d'achats.
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Arrivée en Suisse romande
Déjà leader sur le marché des fitness avec 80 centres à travers le pays, Migros possédait déjà les 12 réseaux de santé Medbase. Avec les 23 centres Santémed, le détaillant devient leader de la médecine générale outre-Sarine. Santémed s’apprête d'ailleurs à ouvrir entre 6 et 10 nouveaux centres en Suisse romande, avec des partenaires, indique Marcel Napierala, directeur des réseaux de soins Migros, Medbase et Santémed, au 19h30 de la RTS.
Nous sommes persuadés de mieux pouvoir relier prévention et soins aigus. La Suisse ne fait pas assez pour la prévention.
L'ambition de Migros est claire: faire baisser les coûts du système suisse de santé en encourageant la prévention. "Nous sommes persuadés de mieux pouvoir relier prévention et soins aigus. La Suisse ne fait pas assez pour la prévention, on devrait faire plus pour faire baisser les coûts de la santé", affirme Marcel Napierala.
Marché en forte croissance
Mais, selon les experts, ce qui intéresse la Migros dans le marché de la santé c’est surtout sa forte croissance, alors que le commerce de détail traditionnel recule à cause de la baisse des prix. "Les Suisses dépensent 70 milliards de francs par an pour la santé", explique Andreas Christen, analyste spécialisé au Credit Suisse.
La reprise des centres de soins Santémed est saluée par l’Organisation suisse des patients, qui estimait que l’ancien propriétaire Swica faisait pression sur les médecins et donc sur la qualité des soins.
Produits "maison" favorisés?
La Migros va tenter de vendre plus de produits donc les coûts globaux ne vont pas baisser, au contraire.
La montée en puissance de Migros dans la santé inquiète en revanche l’organisation alémanique des consommateurs. Le Konsumentenschutz est persuadé que les médecins de Medbase et Santémed vont encourager les patients à acheter des produits Migros, comme des abonnements de fitness, des produits pour allergiques ou des compléments alimentaires.
"Partout dans le secteur de la santé, on fait trop de traitements y compris dans le domaine de la prévention. La Migros va tenter de vendre plus de produits donc les coûts globaux ne vont pas baisser, au contraire", juge Sara Stadler, directrice du Konsumentenschutz.
Faible part des revenus
De son côté, le groupe Migros nie vouloir faire de l’argent avec ses centres médicaux, qui ne représentent actuellement qu’environ 150 millions de chiffre d’affaires par an, une très faible part des revenus globaux du groupe.
Son directeur Herbert Bolliger ajoute que les médecins de Santémed "seront bien informés sur la qualité des produits Migros, mais à la fin ce sera à eux de décider ce qu’ils prescrivent aux patients".
>> Plus de développement dans le 19h30
Jean-Marc Heuberger/jvia
Coopération entre les acteurs médicaux
Le partenariat entre Migros et les réseaux de soins "permettra de développer la médecine préventive et la coopération entre cette branche médicale, les soins aigus et la rééducation", lisait-on dans un communiqué diffusé lors du rachat de Santémed en septembre 2015. Le but était notamment d'élargir les services à d'autres acteurs de la santé: cliniques, hôpitaux et spécialistes.
Santémed offre, entre autres, des prestations en lien avec la chirurgie ambulatoire. Medbase est, quant à elle, particulièrement active dans la médecine du sport.
Outre des généralistes, tous deux emploient du personnel médical spécialisé: orthopédistes, dermatologues, cardiologues, rhumatologues ou gynécologues.