Les principales Bourses européennes ont plongé vendredi à l'ouverture, d'environ 10% à Paris. Le choc provoqué par le vote des Britanniques en faveur d'une sortie de l'Union européenne a également fait dévisser la livre sterling, au plus bas depuis 1985, et secoué l'ensemble des marchés mondiaux.
>> Le suivi en direct :
Après s'être envolée au-dessus de 1,50 dollar au moment de la fermeture des bureaux de vote, la livre sterling est tombée jusqu'à 1,3229 dollar. A la mi-journée, elle évoluait à 1,3724 dollar.
La saignée est générale en Europe, en premier lieu sur les banques (-14%), l'assurance (-12%), le secteur financier (-10,61%) et le tourisme (-11,70%).
A l'inverse, les investisseurs se ruent sur les valeurs refuges comme les obligations d'Etat allemandes, le yen, le franc suisse ou l'or (voir encadré).
A l'ouverture du marché obligataire, le rendement du Bund allemand (obligations à 10 ans) s'effondrait sous le coup de l'appétit des investisseurs à -0,140% tandis que les titres de dette des pays les plus fragiles de la zone euro étaient délaissés, le titre grec s'envolait par exemple à 9,384%.
Le choc est tel qu'il pourrait contraindre la Réserve fédérale américaine à renoncer à ses projets de hausse des taux cette année, voire inciter les grandes banques centrales dans le monde à prendre de nouvelles mesures d'assouplissement monétaire pour soutenir l'économie.
L'état des marchés
Dans une première réaction, l'indice vedette de la Bourse suisse, le SMI, a plongé de près de 550 points sous les 7500 points. Par la suite, il s'est remis du choc et s'est mis à osciller sous la barre de 7800 points. A 14h00, le SMI reculait de 3,74% à 7723,04 points, avec un plus bas à 7476.
À Paris, l'indice CAC 40 perd 7,76% à 4.119,15 points vers 9h15. À Francfort, le Dax cède 6,35% et à Londres, le FTSE abandonne 4,81%.
L'indice EuroStoxx 50 de la zone euro chute de 8,09% et le FTSEurofirst 300 de 6,48%.
A Milan et Madrid, la baisse de vendredi pourrait être la plus importante jamais enregistrée.
L'onde de choc est mondiale puisque l'indice Nikkei de la Bourse de Tokyo a perdu 7,92% vendredi à la clôture, un choc comparable à la faillite de la banque Lehman Brothers en 2008.
La Bourse de New York a ouvert ses portes sur un recul sévère (-2,16% pour le Dow Jones et le Nasdaq -3,78%), mais toutefois moins prononcé que celui des places européennes.
Les banques britanniques sont les premières touchées avec des plongeons pour Barclays (-17%), Lloyds (-22%) et Royal Bank of Scotland (-18%)
La BNS intervient
La Banque nationale suisse (BNS) est intervenue sur le marché des changes en vue de stabiliser la situation après la victoire du Brexit, a-t-elle indiqué vendredi dans une prise de position. Le résultat du référendum a provoqué des pressions à la hausse sur le franc.
L'euro est passé en début de journée sous la barre de 1,07 franc, à 1,0624 franc, un plus bas depuis août 2015. La monnaie helvétique est considérée comme une valeur traditionnelle de refuge en cas de crise politique majeure.
Garantir la stabilité monétaire
Concrètement, un dispositif scellé en 2013 entre les banques centrales du Canada, d'Angleterre et du Japon, ainsi que la Banque centrale européenne (BCE), la Banque nationale suisse (BNS) et la Réserve fédérale américaine se tenaient prêts à être activées pour fournir des liquidités et éviter un assèchement. Une accessibilité facilitée à certaines devises comme le dollar pourrait constituer un filet de sécurité important.
Le gouverneur de la Banque d'Angleterre (BoE) Mark Carney a déclaré vendredi que l'institution était prête à injecter 250 milliards de livres (326 milliards d'euros) de fonds additionnels afin d'assurer des liquidités suffisantes pour le fonctionnement des marchés suite à la victoire du Brexit.
La Banque centrale européenne (BCE) se tient également prête à injecter des liquidités en euros et en devises si nécessaire pour stabiliser les marchés financiers, a-t-elle déclaré vendredi.
jgal/fme avec agences
L'or bondit à son plus haut niveau
L'or a bondi vendredi dans le sillage de la victoire des partisans d'une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne (UE), grimpant à son plus haut niveau en plus de deux ans, prisé pour son statut de valeur refuge.
Vers 03H50 GMT (05H50 à Paris), alors que les dépouillements commençaient à pencher en faveur du "Brexit" (pour "British Exit") gagnant, le cours de l'once de métal jaune est monté jusqu'à 1.359,08 dollars, son niveau le plus fort depuis le 19 mars 2014, un bond d'environ 8% par rapport au début des échanges asiatiques, avant de s'installer autour de 1.320 dollars.