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Le tourisme turc en chute libre avec la multiplication des attentats

Turkish Airlines est touchée de plein fouet par la désertion des touristes. [Reuters - Murad Sezer]
La Turquie pourra-t-elle se relever économiquement de la crise qu'elle traverse? / Le Journal du matin / 4 min. / le 30 juin 2016
Le tourisme s'effondre en Turquie après la série d'attentats qui viennent s'ajouter aux nombreux problèmes politiques. Certains spécialistes ne cachent pas leur pessimisme total face à la crise économique engendrée.

Les voyagistes suisses ne veulent pas communiquer de chiffres précis mais la baisse pourrait être de 30% à 50% par rapport au premier trimestre 2015, selon une source jointe par la RTS.

"C'est un désastre"

"On a une chute de 40% des ventes de nos guides sur la Turquie alors que nous étions leaders" constate de son côté Pierre Josse, fondateur du Guide du Routard et grand amoureux de la Turquie. "Et je suis d'un pessimisme total: quand vous êtes en perte de réputation, il faut sept fois plus de temps pour récupérer le temps perdu que l'inverse. Je ne vois pas dans l'avenir comment la Turquie pourrait redonner confiance aux agences de voyage et aux touristes potentiels si elle continue dans cette démarche complètement mortifère. C'est un désastre."

La Turquie a subi cette semaine sa 5e attaque kamikaze en un an et la 3e attribuée au groupe Etat islamique à Istanbul. Mais, outre les terroristes, Pierre Josse pointe du doigt les orientations politiques intérieures et extérieures du pouvoir islamiste turc.

"Vous pouvez mettre 1000 policiers par plage et 10'000 policiers par aéroport, vous n'empêcherez pas l'escalade de la violence", dit-il. "C'est le produit direct des errements d'un pouvoir politique qui a décidé de se suicider, de se tirer une balle dans le pied. C'est un gâchis effroyable."

La compagnie nationale touchée de plein fouet

Et Turkish Airlines va également souffrir, avertissent les spécialistes, puisque le pays avait misé sur le développement de sa compagnie nationale pour attirer les touristes.

"Il y a une quinzaine d'années, Turkish Airlines était une toute petite compagnie", rappelle le spécialiste du transport aérien Pierre Condom. "Et il y a eu une volonté politique d'en faire une grande compagnie pour en faire un instrument de développement économique."

Situé entre deux continents, l'aéroport d'Istanbul bénéficiait d'une situation géographique privilégiée. Mais c'est la géopolitique qui a fini par mettre en péril tout le pays.

Alexandre Habay/oang

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