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UBS pourrait être mêlée à un vaste scandale de corruption en Malaisie

Le scandale entoure le fonds malaisien 1MDB, destiné au développement économique et social du pays. [Reuters - Olivia Harris]
UBS pourrait être impliquée dans le scandale malaisien 1MDB / Le 12h30 / 1 min. / le 13 juillet 2016
Le nom d'UBS apparaît sur des documents la rattachant au scandale 1MDB, vaste réseau de corruption ayant permis de détourner des milliards de fonds publics malaisiens. La banque refuse de commenter.

L'information émane du blog malaisien Sarawak Report, basé à Londres et dédié à la lutte contre la corruption. Selon les documents publiés, près de deux milliards de dollars auraient transité par un compte d'UBS Singapour ouvert par une société créée pour détourner l'argent du fonds souverain malaisien 1MDB.

C'est déjà dans le cadre de cette même transaction que l'Autorité de surveillance des marchés financiers suisse (FINMA) avait ordonné ce printemps la dissolution de la banque tessinoise BSI.

Mais pour l'heure, UBS refuse de commenter l'information, se réfugiant derrière le secret bancaire. De son côté, la FINMA ne confirme pas non plus.

Des années de scandales autour d'UBS

Reste que cette affaire pourrait à nouveau entacher l'image d'UBS, après des années de scandales et de défiance envers l'établissement depuis la crise financière de 2008, sa faillite évitée de justesse ou encore - entre autres amendes - les 780 millions pour clore le dossier américain de l'évasion fiscale.

Les procédures se sont multipliées et certaines sont toujours en cours, notamment celle l'impliquant en France pour blanchiment aggravé de fraude fiscale. Le nom d'UBS apparaît aussi dans les enquêtes sur les comptes bancaires de la FIFA.

Importantes provisions

C'est pour cela que la première banque de Suisse met de l'argent de côté. Fin 2015, l'ensemble de ses provisions dépassait quatre milliards de francs. En cas d'implication fautive dans le dossier malaisien, la banque pourrait être sanctionnée par les autorités de surveillance de Singapour mais aussi par la FINMA.

Globalement, l'autorité suisse se montre d'ailleurs sévère avec les banques helvétiques, jugeant trop lâches les filets de contrôle lancés pour lutter contre le blanchiment. "Chaque scandale impliquant la place financière helvétique porte un tort considérable à l'image de la Suisse", déclarait récemment son patron Mark Branson.

Olivier Schorderet/oang

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Un camouflet pour la lutte suisse contre le blanchiment?

Si l’implication d’UBS dans le scandale devait être confirmée, c'est le rôle de bon élève de la Suisse en matière de lutte contre le blanchiment qui serait sérieusement entaché.

La Confédération renforce sa législation en la matière depuis près de 40 ans et la Loi sur le blanchiment d'argent (LBA) de 1997 est réputée comme l'une des plus avancées au monde.

2016 devait être l'année de l'aboutissement de cette vaste transformation de la place financière, avec notamment l’introduction dans le Code pénal du délit fiscal qualifié comme infraction préalable au blanchiment d’argent.

Mais aujourd'hui, le scandale 1MDB - tout comme celui de Petrobras au Brésil - jette le trouble. Les cinq enquêtes approfondies ouvertes par la FINMA, dont l'une a abouti à la fermeture de la BSI, tranchent particulièrement avec l'image de bon élève des banques suisses.

>>> Ecouter le sujet de Frédéric Mamaïs dans l'émission Forum: