Publié

"Au lieu de m'orienter vers l'avenir, j'ai dû me tourner vers le passé"

Patrick Odier, président de l'Association suisse des banquiers (ASB). [Keystone - Walter Bieri]
Patrick Odier quitte la tête de l’Association suisse des banquiers / Forum / 7 min. / le 20 juillet 2016
Après sept années à la tête de l'Association suisse des banquiers (ASB), le Genevois Patrick Odier quitte prochainement la présidence de la faîtière. Au micro de la RTS mercredi, il a évoqué son mandat dans une période chamboulée.

"Lorsque j'ai repris cette présidence en septembre 2009, c'était une période fascinante sur le plan des enjeux, un cumul invraisemblable de défis - probablement plus en sept ans que ces 100 dernières années", a expliqué Patrick Odier mercredi dans l'émission Forum.

Evoquant la décision de Hans-Rudolf Merz, en mars 2009, de modifier les pratiques de la Suisse en matière d'assistance administrative fiscale, l'associé-gérant senior du groupe Lombard Odier se déclare satisfait: "Nous avons réussi à maintenir notre mission de pourvoyeur de fonds à l'économie et de stabilité de l'épargne".

Nouvelle philosophie en matière de démarchage d'affaires

Lors de sa prise de fonction, Patrick Odier avait exprimé sa volonté de faire en sorte que le secteur économique, "coresponsable de la crise financière et économique, redevienne le moteur économique de la Suisse et qu'il assume ses responsabilités". Il admet aujourd'hui que des progrès sont encore possibles.

"La mission n'est pas 100% accomplie mais, de manière générale, nous avons livré ce que nous avions promis, c'est-à-dire une nouvelle philosophie en matière de démarchage d'affaires, alors que le paradigme fiscal avait changé", affirme-t-il, précisant que des difficultés persisteraient, liées à des "moutons noirs, à des comportements inadéquats ou à des manques de contrôle".

"Un peu jaloux"

"L'industrie et le secteur bancaire suisses ont énormément investi ces dernières années dans le contrôle et la gestion des risques, afin d'éviter les difficultés ou les scandales qui n'ont comme effet que d'affaiblir la réputation du secteur, du pays ou de la place financière qu'ils concernent", explique Patrick Odier.

Parmi les défis qui attendant son successeur Herbert Scheidt, qui reprendra les rênes de l'ASB le 16 septembre, le Genevois énumère le développement de "nouveaux moteurs de croissance que sont la gestion d'actifs (par exemple les fonds de retraite), les affaires dans le domaine des nouvelles monnaies et les Fintech."

Au chapitre des regrets, Patrick Odier lâche: "Je suis un petit peu jaloux de voir mon successeur pouvoir s'orienter vers l'avenir, alors que j'ai dû moi-même me tourner vers le passé."

kkub

Publié

Le Brexit vécu avec "surprise et déception"

"Nous avons vécu le vote du Brexit avec surprise et déception. C'est un affaiblissement de l'Union européenne, pas bon pour la Suisse et pour le secteur financier, et pas bon pour les citoyens qui se retrouvent dans cette région du monde", estime Patrick Odier.

La place financière suisse pourrait-elle néanmoins tirer son épingle du jeu? "La Suisse est connue pour sa capacité à protéger de manière stable les actifs ou investissements à long terme. L'instabilité créée par le Brexit ne contribue qu'à accentuer ce réflexe", affirme le banquier genevois.

La Suisse pourrait, "sur le plan pur des flux de capitaux", voir un afflux en son sein, ce ne serait "pas forcément un avantage", estime-t-il. Car l'instabilité européenne "ne bénéficie en rien à la Suisse, sur le plan de la croissance, de sa capacité d'exportation ou sur la force du franc suisse poussé à la hausse".