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"Le modèle économique chinois s'essouffle, c'est une des difficultés"

En Chine, les échanges commerciaux ont plongé en juillet 2016. [AP/Keystone - Kevin Frayer]
Chine, l'empire ralentit (5/5): regard sur la Chine de Marc Laperrouza, économiste / Le Journal du matin / 7 min. / le 19 août 2016
Confrontée à l'essoufflement de sa croissance économique et aux exigences plus élevées de sa classe moyenne émergente, la Chine doit s'inventer un nouveau modèle, estime Marc Laperrouza, chargé de cours à Lausanne.

"Le modèle chinois s'essouffle, c'est une des difficultés du gouvernement de Xi Jinping. On arrive à la fin de l'économie à bas coûts, il faut s'éloigner de la croissance basée sur les investissements pour passer à une économie reposant sur la consommation intérieure", analyse le spécialiste de la Chine, Marc Laperrouza, vendredi dans le Journal du matin.

Mais un tel modèle suppose que les citoyens puissent dépenser leur argent comme ils l'entendent. Or, les conditions économiques et sociales ne sont pas les mêmes en Chine qu'en Europe ou aux Etats-Unis. La classe moyenne, composée actuellement de 225 millions de ménages gagnant entre 10'000 et 40'000 dollars, ne s'y retrouve pas complètement.

Tourisme de masse

"Les classes moyennes et leurs enfants ont les mêmes attentes que l'on a en Europe", constate le chargé de cours à l'Ecole polytechnique de Lausanne (EPFL) et à l'Université de Lausanne. "Il y a 120 millions de Chinois qui font du tourisme à l'étranger, voient ce qu'il se passe ailleurs, ils reviennent, voient la différence, et aimeraient avoir la même chose chez eux", rappelle-t-il.

Quand 225 millions de Chinois circulent, cela crée de facto beaucoup de pollution

Marc Laperrouza, spécialiste de la Chine

Énormément d'efforts sont toutefois faits pour avoir des villes vertes, des voitures électriques et les réseaux d'infrastructure se développent de façon très rapide dans le but de répondre à ces nouveaux besoins.

"Avec la Chine ce n'est jamais blanc ou noir", commente Marc Laperrouza. Et le développement du pays se heurte à sa démographie. "Quand vous avez tout à coup 225 millions de Chinois qui circulent, qui découvrent le pays, cela crée de facto beaucoup de pollution", observe-t-il. Et de préciser que ce tourisme de masse national crée des problèmes de circulation, a conduit à des constructions démesurées et à des dégradations environnementales certaines.

>> La suite de l'entretien :

Dr. Marc Laperrouza, spécialiste de la Chine. [RTS - Caroline Dumoulin]
L'invité de la rédaction - Marc Laperrouza / Le Journal du matin / 16 min. / le 19 août 2016

jgal

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L'appétit de la Chine en Europe, "un signe de faiblesse"

Analysant le modèle économique de la Chine et ses possibilités d'évolution, Marc Laperrouza est revenu sur l'appétit récent du géant asiatique en Europe avec quelques rachats emblématiques comme celui de l'AC Milan ou celui en cours de négociations chez Syngenta.

"L'Europe n'est pas et ne veut pas être l'atelier de la Chine", commente-t-il. Et de souligner que le pays rachète des fleurons de la technologie, des portefeuilles R&D. "Ce sont des choses qu'ils n'ont pas forcément chez eux", note-t-il.