Publiée mardi, cette étude mandatée notamment par Migros, Nestlé et Economiesuisse marque une offensive des milieux favorables au libre-échange des produits agricoles. Les auteurs voient même des opportunités pour certaines denrées.
Si les prix à la production devraient chuter dans certains secteurs comme la viande, les produits laitiers suisses et le fromage pourraient trouver des débouchés, relève le rapport.
Prix élevés pas forcément un obstacle
En cas d'adhésion de la Suisse à un accord de libre-échange transatlantique (TTIP), ces nouvelles perspectives d'exportation ne feraient baisser que modérément la production agricole en Suisse, notent les chercheurs.
Pour Jacques Chavaz, auteur de l'étude, les prix élevés de la production en Suisse ne sont pas forcément un obstacle. Plaidant pour une "politique de différenciation", il prend notamment l'exemple des préparations lactées pour les bébés.
"La Suisse produit du lait certainement deux fois plus cher que la Nouvelle-Zélande. Malgré cette différence de prix, on est relativement bien positionnés dans certains marchés asiatiques parce que l'image de qualité et de sécurité fait que ce produit est recherché", note-t-il.
Statu quo impossible
A peine publié, ce rapport est déjà critiqué par les milieux paysans. Pourtant les commanditaires se défendent de servir leur propres visées libre-échangistes. Selon Daniel Imhof, responsable des affaires agricoles chez Nestlé , il s'agit d'anticiper des changements inévitables.
Pour lui, face à la pression extérieure, la Suisse devra nécessairement signer de nouveaux accords de libre-échange. "On a meilleur temps de s'y préparer que de devoir réagir après à court terme, ce qui pourrait avoir des conséquences bien plus importantes", juge-t-il.
Les auteurs souhaitent ainsi porter le débat sur la place publique pour que la Suisse soit prête lorsque les barrières protectionnistes tomberont. Car l'étude est formelle: le statu quo n'est pas viable pour l'industrie agroalimentaire suisse.
Stéphane Deleury/dk