La Commission européenne a indiqué mardi qu'elle sommait Apple de rembourser quelque 14 milliards de francs d'allègements fiscaux indus octroyés par l'Irlande entre 2003 et 2014.
Les multinationales européennes ne sont pas mieux intentionnées que les américaines
Philippe Lamberts, coprésident du groupe écologiste au Parlement européen, souhaite que cette mesure fasse effet d'amorce pour d'autres enquêtes: "Nous demandons que la Commission européenne élargisse le champ de ses investigations. Ces derniers temps, les enquêtes qui ont été ouvertes, ont souvent concerné des multinationales américaines. (Or) Je pense que les sociétés européennes ne sont pas mieux intentionnées", a-t-il indiqué mardi sur les ondes de la RTS.
Selon l'eurodéputé, l'exécutif européen doit montrer aux Etats-Unis qu'il ne cible pas uniquement des entreprises outre-Atlantique: "Les Verts ont révélé, il y a quelques mois, une enquête sur la société suédoise Ikea. Il y en a également d'autres dont nous pensons qu'elles abusent le fisc européen. Et, pour rassurer les Etats-Unis quant à l'impartialité nationale, la Commission européenne ferait bien d'enquêter tous azimuts dans les mois qui viennent. Il faut donc renforcer ses pouvoirs d'investigation en la matière".
"Apple ne peut pas faire l'impasse sur le marché européen"
Apple ayant jugé la décision de la Commission "néfaste sur l'investissement et l'emploi en Europe", faut-il craindre un boycotte de la part du géant californien? "Absolument pas, rétorque Philippe Lamberts. Je ne vois pas un instant Apple faire l'impasse sur le marché européen".
La force des Européens, ajoute l'eurodéputé, réside dans son union: "Lorsque l'ensemble de l'Europe dit à Apple qu'elle peut faire du business sur son territoire mais qu'on lui demande de respecter ses conditions, la société n'a d'autre choix que de s'aligner".
Reste que l'Irlande a indiqué qu'elle refusait de récupérer les 14 milliards de francs et qu'elle ferait appel de la décision de la Commission européenne (voir ci-dessous), à l'instar du géant informatique américain.
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hend
Pourquoi l'Irlande refuse de récupérer les 14 milliards
A la suite de la décision de la Commission européenne, l'Irlande a indiqué qu'elle refusait de récupérer les 14 milliards de francs. Une somme qui lui permettrait pourtant de construire 100'000 logements ou de payer le budget annuel de la santé.
Mais c'est compter sans l'attractivité fiscale, sur lequel repose la politique économique de l'Irlande. Même au plus fort de la crise, au moment de demander un sauvetage international il y a six ans, Dublin n'avait pas cédé aux pressions européennes. A noter que le pays compte sur son territoire 700 entreprises américaines et 140'000 emplois liés à ces sociétés.
>> Les précisions de Frédéric Mamaïs: