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"Il n'est pas question d'économie dans la campagne américaine"

L'économiste américain Paul Krugman.
Rencontre avec le prix Nobel d'économie américain Paul Krugman / Tout un monde / 8 min. / le 20 septembre 2016
Aucun débat sérieux sur l'économie ne s'est tenu durant cette campagne présidentielle américaine, estime mardi sur la RTS Paul Krugman, prix Nobel d'économie. C'est la question raciale qui anime la campagne, selon lui.

Le succès du candidat républicain Donald Trump a peu à voir avec la situation économique du pays et son état après la crise de 2008. "Oui, les hommes blancs peu éduqués constituent la base électorale de Donald Trump, mais leur situation économique est souvent le paravent d'une anxiété raciale et socio-culturelle", analyse Paul Krugman dans l'émission Tout un monde.

Sans la crise de 2008 et ses lourdes conséquences sur l'économie américaine, ces conflits liés aux profonds changements touchant la société américaine auraient tout de même émergé, d'après l'économiste.

La montée du populisme dans les pays occidentaux constitue un "moment inquiétant", déclare-t-il également. "Nous faisons bien face à une crise" de la démocratie libérale, extrêmement aiguë dans un pays comme la Hongrie où la démocratie ne fonctionne plus, selon Paul Krugman.

"Les Etats-Unis ont réussi à éviter le pire"

Les Etats-Unis ont mis trop longtemps à se remettre de la crise économique de 2008, estime par ailleurs le prix Nobel d'économie, Barack Obama ayant dû affronter l'hostilité du Congrès pour une bonne partie de sa présidence.

Mais le chef d'Etat américain "a réussi à éviter le pire" grâce aux décisions qu'il a prises et aussi celles qu'il n'a pas prises. "Barack Obama mérite qu'on lui impute une grande partie de ce succès", estime l'éditorialiste proche du parti démocrate, par le passé très sceptique sur les capacités du dirigeant.

De plus, la réalité a montré que les positions économiques du parti républicain étaient erronées, notamment sur la déréglementation bancaire, analyse Paul Krugman. Pourtant, les républicains n'ont pas réagi à ces données empiriques.

Ce qui inquiète désormais l'Américain: le peu de marge de manoeuvre des Etats-Unis en cas de nouveau problème économique, par exemple venant de Chine.

tmun

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Les pro et anti-Brexit "ont exagéré les conséquences" du scrutin

Paul Krugman, qui s'était prononcé en faveur du maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne, considère que le Brexit appauvrira le Royaume-Uni à terme, même s'il bénéficiera à certains secteurs. Mais l'impact négatif sera léger, estime le prix Nobel d'économie.

Selon l'économiste, le camp du Brexit et celui du Remain ont exagéré les conséquences d'une sortie de l'UE durant la campagne du référendum. "On a tendance à surévaluer l'importance des relations commerciales", analyse-t-il également.