Le conseiller fédéral Alain Berset s'est dit particulièrement "inquiet" lundi au sujet de l'augmentation des primes pour enfants en 2017, dont la moyenne nationale atteint 6,6%, et qui sera plus forte que la hausse des primes pour adultes. "Enfants et familles ne doivent pas être pénalisés", a-t-il souligné.
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Cette hausse est "un nouveau coup dur" pour les assurés et surtout pour les familles, a renchéri Rebecca Ruiz (PS/VD), présidente du Service aux Patients Suisse occidentale.
Cette hausse est un nouveau coup dur pour les assurés et surtout pour les familles.
De son côté, le secrétaire général de la Fédération romande des consommateurs, Mathieu Fleury, s'est insurgé contre une situation qui devient "dramatique". Cette majoration "inédite" montre que le système ne fonctionne pas, affirme-t-il, dénonçant "la chasse aux bons risques".
Davantage de traitements ambulatoires
Pour expliquer la hausse des primes, la Fédération des médecins suisses (FMH) et la faîtière des hôpitaux H+ relèvent que les patients sont traités de plus en plus souvent en ambulatoire, des soins entièrement pris en charge par les caisses maladie, et toujours moins à l'hôpital, alors que les cantons financent en partie les soins stationnaires.
La FMH plaide ainsi pour un système de financement uniforme des prestations hospitalières et ambulatoires, "qui permettrait au moins de freiner la hausse des primes générée par ce transfert des traitements".
A ce titre, Santésuisse et Curafutura, les deux faîtières des assureurs maladie, réclament des correctifs, notamment dans le financement de toutes les prestations médicales.
"Ni justifiable, ni acceptable"
Le conseiller d'Etat genevois MCG Mauro Poggia a déploré la hausse spectaculaire (5,7%) des primes maladie en 2017 dans son canton, alors que celui-ci arrive à maîtriser les coûts de la santé. Aux yeux du magistrat, ce système est absurde et malhonnête.
Les autorités neuchâteloises ont, elles, regretté que la Confédération ne soit pas intervenue pour demander des diminutions de primes aux assureurs, en particulier à ceux qui disposent de réserves dépassant les niveaux exigés par la loi. La situation financière du canton, où la hausse annoncée est de 5,6%, ne permettra d'augmenter les enveloppes dévolues à la réduction des primes pour les personnes de condition économique modeste.
Une nouvelle initiative populaire est nécessaire, avec des compétences accrues octroyées aux cantons.
Le canton de Fribourg, qui affiche pourtant les primes maladies les moins chères des cantons latins avec le Valais, juge leur augmentation "ni justifiable, ni acceptable". "Le canton prend en charge 2% supplémentaires des frais hospitaliers chaque année depuis 2012 (sauf en 2014). Cela devrait se reporter favorablement sur les primes, or ce n'est pas le cas", estiment les autorités.
Cette nouvelle hausse démontre la nécessité de repenser le système, juge pour sa part le conseiller d'Etat socialiste vaudois Pierre-Yves Maillard. Celui-ci estime qu'une nouvelle initiative populaire est nécessaire, avec des compétences accrues octroyées aux cantons.
Colère dans le Jura
"Cette déconnexion entre les coûts effectifs et les primes entame la crédibilité d'un système que l'on peut qualifier de totalement défaillant aujourd'hui", écrit le Gouvernement jurassien, qui écope de la plus forte progression (7,3%). Il dénonce une dérive du système et une distorsion entre les coûts effectifs et les primes d'assurance.
Les autorités jurassiennes notent encore qu'entre 2009 et 2015 les coûts de la santé ont augmenté de 14% dans le canton du Jura alors que la prime moyenne a accusé une hausse de 25%.
jvia avec ats