Le classement, établi par l'institut zougois IFZ, brise une idée reçue selon laquelle le marché suisse des nouvelles technologies financières serait en retrait. Le plus surprenant est de voir la Suisse dépasser Londres, considérée comme le plus grand marché des Fintech - là où le plus d'argent est investi et où le plus grand nombre d'emplois sont créés dans le secteur.
C'est du reste dans la capitale britannique qu'a été fondé l'accélérateur de jeunes pousses de référence au niveau mondial, Level39. UBS, d'ailleurs, ne s'y est pas trompée en y ouvrant en 2013 déjà un laboratoire de recherche.
Conditions-cadre favorables
Pourtant, la Suisse, que l'on plaçait au mieux jusqu'ici dans le gros du peloton, apparaît mieux positionnée aujourd'hui que Londres (certes pénalisée par le Brexit), mais aussi que Hong Kong, Tokyo, Berlin ou Dublin, autres places fortes des Fintech.
Selon cette étude, elle présenterait non seulement des conditions-cadre favorables au développement d'un vrai marché des Fintech, peu mises en valeur jusqu'ici, mais surtout un remarquable équilibre entre les facteurs d'ordre politique, économique, social, technologique, environnemental ou légal. Le secteur n'a d'ailleurs cessé de grandir en Suisse: on est passé d'une vingtaine de sociétés en 2010 à plus de 160 l'an dernier et presque 200 aujourd'hui.
Résistances des milieux bancaires
Reste qu'il y a encore du chemin à faire et des résistances à vaincre en Suisse. Ce sont celles de certains établissements bancaires, notamment, qui ont trop longtemps perçu les services financiers numériques comme des adversaires. Les banques privées, particulièrement, sont jugées encore très frileuses face à l'innovation technologique.
Mais les acteurs traditionnels semblent enfin prendre leur destin en main, à travers des partenariats ou des associations comme celle fondée en mars dernier par les grandes banques et les assureurs. Mais peut-être fallait-il que les acteurs traditionnels tournent complètement la page de la crise financière et du secret bancaire pour se lancer vraiment sur ce marché et ne plus considérer les Fintech comme un adversaire mais plutôt comme leur avenir.
Olivier Schorderet/oang