Des hôtels Trump, des propriétés Trump, une université Trump, ou encore des golfs et des émissions de télévision: l'empire du prochain président des Etats-Unis regroupe des activités nombreuses et variées au sein de la Trump Organization. Au total, plus de 500 entreprises sont gérées ou rapportent de l'argent au septuagénaire, selon sa déclaration de candidat.
Une fois à la Maison Blanche, aucune mesure n'obligera le chef de l'Etat à liquider ses actifs ou déléguer complètement ses pouvoirs, car selon la loi fédérale américaine, les fonctions de président et d'homme d'affaires ne sont pas incompatibles. A l'origine, le législateur ne voulait pas dissuader les marchands, paysans et businessmen de se présenter à la présidence.
Une vision particulière du "blind trust"
Une pratique a cependant émergé ces dernières décennies: le "blind trust", ou "trust aveugle", contrôlé par un gestionnaire indépendant. Ronald Reagan, les deux présidents Bush et Bill Clinton ont notamment choisi cette solution par le passé. Donald Trump a quant à lui décidé de confier ce trust à ses enfants.
Donald Junior, Ivanka et Eric Trump ne représentent pourtant pas un modèle de gestion indépendante. Durant la présidence du républicain, ils resteront probablement proches de leur père, une situation pouvant engendrer des conflits d'intérêts, notamment en matière fiscale, Donald Trump ayant promis des baisses d'impôt durant sa campagne.
Conflits entre projets immobiliers et diplomatie
Active aux Etats-Unis, la Trump Organization étend son influence à l'étranger également, notamment grâce à un système de licences générant des revenus simplement à partir du nom "Trump". Le républicain a mis sur pied ce modèle d'affaires grâce au succès qu'il a engrangé avec son émission de télé-réalité "The Apprentice".
Ces projets pourraient également entrer en conflit avec le nouveau rôle de Donald Trump. En Inde et en Turquie par exemple, des partenaires locaux de la Trump Organization ont été mis sous enquête par les autorités pour soupçons d'activités criminelles, révélait en septembre le magazine Newsweek. Comment un président pourra-t-il gérer de front des relations diplomatiques et ses anciennes amitiés d'affaires?
"Risque d'impeachment"
Le cas de la Deutsche Bank représente un autre domaine sensible pour la Trump Organization, celui de la finance. Le groupe allemand est mis en cause par les autorités américaines pour son rôle dans la crise des "subprimes" en 2007, alors qu'il est un important créancier de l'empire Trump. La banque se verra bientôt infliger une amende d'un montant encore inconnu qui sera décidé... sous l'administration Trump.
Le magnat sera-t-il alors libre d'agir comme il le désire? Non, car le Congrès l'aura à l'oeil et pourrait l'empêcher de trop tirer sur la corde. "Si Donald Trump devait continuer à s'occuper lui-même de ses affaires, cela lui vaudrait rapidement de grosses difficultés avec le Congrès", estime l'avocat genevois Charles Poncet, interrogé par la RTS pour le 19h30 vendredi. "En particulier, il risquerait assez rapidement une procédure de destitution."
Delphine Gianora et Tamara Muncanovic