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Etre propriétaire permet d'économiser, à condition d'être riche

Dossier immobilier
Dossier immobilier / T.T.C. (Toutes taxes comprises) / 10 min. / le 28 novembre 2016
Devenir propriétaire n'a jamais été aussi intéressant qu'actuellement. Les prix ont baissé et les taux hypothécaires sont extrêmement bas. Mais rares sont les ménages qui possèdent la mise de départ pour acheter un bien immobilier.

Devenir propriétaire de son logement, un rêve convoité par beaucoup de locataires, excédés par le sentiment de payer "dans le vide". Alors que les prix de l'immobilier baissent, que les taux d'intérêt et le taux hypothécaire sont historiquement bas, le moment semble idéal pour franchir le pas. Mais ce rêve serait inaccessible pour environ deux tiers des Suisses, à en croire une étude réalisée en octobre par MoneyPark.

L'émission TTC a mené son enquête auprès de plusieurs professionnels pour guider le propriétaire en herbe.

EST-CE LE BON MOMENT POUR ACHETER SON LOGEMENT?

Oui. La réponse est sans équivoque pour le conseiller en financement Stéphane Defferrard, directeur de Defferrard & Lanz: "Les prix ont baissé, les taux d’intérêt sont très bas, on vient de bloquer un taux hypothécaire 0,89% à 10 ans pour une résidence principale"

QUEL BUDGET FAUT-IL POUR DEVENIR PROPRIÉTAIRE?

Voilà la question qui fâche. Depuis quatre ans, les exigences en matière de fonds propres et d'amortissement se sont durcies, réduisant drastiquement le nombre d'acquéreur potentiels. Une maison à moins de 600'000 francs coûterait déjà trop cher pour plus de la moitié des Suisses, comme le montre le tableau ci-dessous.

Pour calculer le budget nécessaire, il faut prendre en compte trois critères, explique Stéphane Defferrard: le revenu du ménage, les fonds propres et la valorisation. Par exemple, pour s'offrir une villa jumelle à Thônex, dans la périphérie genevoise, affichée à 1,2 million, il faut:

- 215'000 francs de revenu annuel au minimum;

- 300'000 francs d'apport, dont 180'000 francs en cash. Cela correspond au minimum requis de 20% de fonds propres, soit 240'000 francs, (dont seule la moitié peut provenir d'avoirs du 2e pilier) et aux frais de notaire.

- 2386 francs, c'est le coût mensuel, tout compris (intérêt hypothécaire + amortissement + frais d'entretien), à un taux d'environ 1%.

Mais les choses se corsent dès que l'un des trois facteurs ne s'avère pas à la hauteur. A l'image de Patrick Boesch, qui s'est acheté une maison à 1,3 million de francs. Avec plus de 60% de fonds propres en cash, il pensait sans problème compenser un "trop faible" revenu annuel de 90'000 francs. Avec les taux actuels sur 10 ans, le coût mensuel total ne s'élevait qu'à 800 francs.

Pourtant, son crédit lui a été refusé dans un premier temps, car depuis la crise des années 1990, les banques appliquent une règle stricte: les propriétaires doivent pouvoir supporter un taux hypothécaire théorique de 5%  + 1% de frais d'entretien + 1% d'amortissement, soit 7% au total, à des années-lumière du taux réel hypothécaire de 0,89% sur 10 ans.

Pour Patrick Boesch, l'histoire s'est bien terminée, grâce à l'appui d'un conseiller financier. Ce n'est pas le cas de tous. Deux tiers des ménages suisses désireux d'acquérir un bien immobilier se verraient refuser un crédit par leur banque en raison de leur insolvabilité financière théorique.

QUELS SONT LES RISQUES ENCOURUS?

Le conseiller Philippe Cavallero, de CGA Conseil global en patrimoine, résume sa réponse ainsi: "Il faut avoir une discipline budgétaire pour sa famille, un 3e pilier, une assurance vie, être bien organisé pour affronter la tempête."

Dans le cas d'une jeune famille, il faut des réserves financières pour pouvoir affronter un éventuel divorce, un décès ou une diminution de revenu. Dans le cas d'un couple proche de la retraite, il faudra anticiper d'autres difficultés, qui pourraient être liées, par exemple, à un départ en EMS.

EST-CE QUE CELA EN VAUT LA PEINE?

Reprenons l'exemple de cette villa jumelle à Thônex. A l'achat, elle reviendra à 2386 francs. Or, au cours du marché dans la région, elle se louerait 3800 francs, soit une belle économie. Cette tendance se confirmerait dans toute la Suisse, selon l'étude de MoneyPark.

Devenir propriétaire en vaut donc vraiment la peine. Mais seuls ceux qui ont de l'argent peuvent se loger à moindre coût.

Valérie Demierre/fme

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Un paradoxe helvétique

En Suisse moins de 40% des ménages sont propriétaires. C'est l'un des taux les plus bas d'Europe. Pourtant, la Constitution fédérale encourage l'accès à la propriété. Mais depuis quelques années, les autorités multiplient les règles toujours plus contraignantes.

Des discussions sont actuellement en cours pour assouplir la réglementation. La première étape consisterait à abandonner le taux hypothécaire théorique de 5%.

Huit pays de l'UE exposés à un risque de surchauffe

Le marché de l'immobilier résidentiel est menacé de surchauffe dans huit pays de l'Union européenne, en partie à cause des effets imprévus des taux d'intérêt ultra bas, prévient le Conseil européen du risque systémique (CERS) dans un rapport publié lundi.

Pour l'organisme chargé de la surveillance du système financier dans l'Union européenne, ces huit pays, Autriche, Belgique, Danemark, Finlande, Luxembourg, Pays-Bas, Royaume-Uni et Suède, sont confrontés à un risque à moyen terme, soit d'une surévaluation des biens, soit d'un endettement excessif des ménages.