Les apparences sont trompeuses dans ce secteur qui représente l’essentiel des 250 à 300 banques du pays. Si on observe les banques cantonales, la plupart d’entre elles continuent de dégager des bénéfices. Elles sont bien capitalisées et, au niveau de l’emploi, les effectifs sont restés stables ces dix dernières années, selon la société d’audit et de conseil EY.
Le travail d’une banque de détail, schématiquement, est de collecter l’épargne des particuliers, de rémunérer ces dépôts à un certain taux, puis de prêter cet argent à un taux supérieur. La différence entre ces deux taux constitue la marge d’intérêt. Et comme les taux ont beaucoup baissé, la marge médiane a fondu: elle se situe actuellement à 1,17%, selon EY.
Petits clients à la caisse?
Les banques gagnent moins sur les prêts hypothécaires, et bien qu’elles ne rémunèrent presque plus les dépôts, elles peinent à conserver leurs marges. Pour cela, il faudrait non seulement qu'elles cessent de rémunérer les dépôts, mais aussi qu’elles fassent payer les clients pour déposer leur argent à la banque.
Si cela se fait déjà assez largement pour les clients importants - caisses de pension, grandes entreprises -, en revanche, faire payer le petit épargnant est encore un tabou. Même si plusieurs établissements, comme la Banque Migros et la BCGE, ont déjà menacé de le faire.
Il n'en n'est pas question du côté de la BCV, comme l'a assuré Olivier Steimer, président du conseil d'administration de la BCV, dans le Journal du matin de la RTS. "Les banques continuent de gagner de l’argent, moins certes, mais elles continuent de gagner."
Banques fragilisées
Cette perspective pourrait devenir une réalité en Suisse, les banques de détail faisant face à un problème de rentabilité. On dit qu’une banque ne devrait pas investir plus de 50 francs pour gagner 100 francs. Dans les faits, de nombreuses banques dépensent entre 60 et 65 francs pour en gagner 100.
Ce problème s’explique notamment par l’augmentation des coûts réglementaires. Les banques doivent remplir des exigences de fonds propres toujours plus élevées, ce qui immobilise de plus en plus d’argent. S’ajoutent les formalités exigées par la FINMA, le gendarme du marché, que les banques jugent responsable d’une inflation réglementaire.
Guillaume Meyer/lgr
Les Fintech, grandes gagnantes de la situation
Pour baisser leurs coûts, les banques de détail ont tendance à sous-traiter des activités. Plusieurs banques ont déjà franchi le pas pour l’informatique, mais d’autres secteurs pourraient y passer.
Résultat, cette course aux économies profite aujourd’hui aux Fintech, les entreprises spécialisées dans les technologies financières. Ces dernières - souvent dirigées par d’anciens banquiers - connaissent parfaitement les besoins de leurs clients.